

En pleine recomposition diplomatique, le Nigeria vient de rejeter catégoriquement une proposition américaine visant à lui transférer des migrants, dont certains issus de prisons américaines. Derrière ce refus, un message clair de souveraineté adressé à la Maison Blanche.
Le Nigeria a opposé une fin de non-recevoir à une demande formulée par l’administration Trump : accueillir sur son sol des migrants, majoritairement vénézuéliens, que les États-Unis souhaitent expulser. Parmi eux, plusieurs seraient d’anciens détenus.
C’est le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, qui a confirmé publiquement cette position lors d’un entretien accordé à la télévision nationale. D’un ton direct, il a déclaré : « Le Nigeria ne peut pas servir de poubelle diplomatique. Nous ne recevrons pas des migrants que les États-Unis veulent faire disparaître de leurs statistiques. »
Rappelons que lors du sommet USA – Afrique qui s’est tenu a Washington du 09 au 11 juillet 2025, Trump aurait tenté de négocier avec plusieurs pays africains pour qu’ils servent de terres d’accueil à des migrants n’ayant plus d’État d’origine officiel ou dont les pays refusent le retour. Dans ce jeu, certains pays comme le Soudan du Sud ont accepté discrètement.
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Mais le Nigeria, première puissance démographique du continent, a dit non et avec fermeté. Le refus est d’autant plus symbolique qu’il intervient dans un contexte de tension croissante entre le Nigeria et ses partenaires occidentaux, sur fond de redéfinition de l’ordre mondial, où l’Afrique souhaite désormais parler d’égal à égal.
Officiellement, Abuja invoque des raisons de souveraineté, d’éthique diplomatique et de respect mutuel. En coulisse, le Nigeria dénonce un mépris latent de la part de certaines puissances occidentales. « Ce que l’Amérique propose, c’est d’effacer ses responsabilités et d’imposer ses problèmes aux autres. Le Nigeria refuse d’être ce genre de solution. »
Ce geste, que beaucoup saluent au sein de la société civile africaine, envoie un signal fort : l’Afrique ne veut plus être un réceptacle passif des décisions venues d’ailleurs. Pour Abuja, il ne s’agit pas d’un simple refus, mais d’une affirmation. Celle d’un continent qui se redresse, relève la tête, et choisit désormais ses combats.
NGAMA
Correspondant, Moscou

