

Quand elle s’est filmée en train d’égorger un poulet avant de le cuisiner, Anigar Monsee pensait partager une recette de famille. Elle a finalement écopé de 7 ans de prison ce mois de mai 2025. La justice américaine, visiblement plus sensible aux gallinacés qu’aux chocs culturels, a tranché net. Comme un couteau sur une carotide.
Un geste banal devenu un crime grave
Dans plusieurs pays d’Afrique, égorger un animal à la maison avant de le cuisiner est une pratique commune, presque rituelle. C’est dans cet esprit que la jeune Anigar Monsee, 28 ans, a voulu partager son quotidien sur YouTube : des recettes de grand- mère, où elle montre chaque étape y compris l’abattage des animaux.
Sauf qu’elle ne se trouvait pas à Monrovia ou Abidjan, mais en Pennsylvanie. Et là-bas, filmer la mise à mort d’un poulet chez soi peut être assimilé à un acte de cruauté envers les animaux.
Résultat : 7 ans de prison ferme et une amende de 15.000$
Un verdict qui surprend
La peine choque par sa sévérité. Car si la loi américaine protège effectivement les animaux contre la maltraitance, beaucoup s’interrogent : était-il nécessaire d’en arriver à une peine aussi lourde ?
N’aurait-il pas été plus juste de prononcer une amende, un rappel à la loi, voire des travaux d’intérêt général ?
Après tout, Monsee n’a pas agi par cruauté gratuite, ni pour blesser. Elle a simplement appliqué, sans malice, un savoir-faire hérité de sa culture d’origine.
Et c’est bien là que réside la question.
Un poulet écorché, un pays choqué
Il faut croire que dans certaines sociétés modernes, il est plus acceptable de consommer de la viande industrielle que de montrer comment elle est obtenue.
Les animaux doivent mourir, oui mais hors champ, en silence, et sous plastique.
Quant aux violences entre humains ?
C’est plus complexe. Plus long à juger. Plus nuancé.
On attend les rapports, les expertises, les témoins… Et parfois, la justice décide de ne rien décider du tout.
Mais un poulet égorgé sur TikTok ? c’est non discutable .
Quand la culture devient une faute pénale
Il ne s’agit pas de défendre un acte, mais de comprendre une erreur culturelle.
Anigar Monsee n’a pas tenté de défier la loi. Elle n’a pas agi en marge de la société pour choquer ou provoquer. Elle a simplement importé une pratique qu’elle croyait universelle, ou du moins tolérable.
Mais dans un pays où la souffrance animale est très encadrée à juste titre les intentions ne suffisent pas : il faut aussi respecter les formes, les règles, les sensibilités locales.
La justice a peut-être été trop sévère. Une réprimande, une amende, un accompagnement pédagogique auraient pu suffire. Mais la vraie leçon est ailleurs :
Vivre dans un autre pays, c’est aussi épouser ses valeurs. Il est préférable de dire ” ohh qu’elle est mignone ta poule… ” et non “qu’est ce qu’elle a l’air délicieuse, je là verrai bien dans une sauce graine avec du foutou”.
cela commence par le respect de ce que l’autre considère comme sacré même si, pour nous, ce n’est “qu’un poulet”.
NGAMA
Correspondant, Moscou

