

Ce qui devait être une marche de soutien au président de la transition , Ibrahim Traoré ce mercredi 30 avril a Ouagadougou , s’est aussi transformé en tribune pour l’histoire, portée par une jeunesse africaine qui réclame justice au nom des générations précédentes.
Sous un soleil de plomb, des pancartes brandies au cœur de la foule ne laissaient aucun doute : « Afrique unie, réparations dues », « Justice pour l’Afrique, réparations, pas promesses ! », « Justice coloniale maintenant ! » Autant de slogans qui marquent un basculement : la contestation ne vise plus seulement l’ingérence actuelle, elle convoque le passé, le colonialisme, et ses séquelles non réparées.
« Ce n’est pas seulement Traoré qu’on soutient. On veut qu’il aille jusqu’au bout : qu’il parle pour nous, pour nos morts, pour notre mémoire, » explique Mariam, 19 ans, élève de Terminale.
Un front générationnel se lève, celui d’une jeunesse qui ne veut plus que la mémoire africaine soit reléguée au silence, ni que les réparations historiques soient étouffées par la “realpolitik”. Loin d’un simple rejet de la France ou d’une posture anti-occidentale simpliste, ces pancartes expriment un besoin profond de reconnaissance, de respect, et de rééquilibrage du récit historique.
La transition burkinabè, avec sa posture panafricaniste, semble catalyser cette demande plus large. Dans un contexte de recomposition géopolitique du continent, le passé colonial revient au centre des débats, non plus comme un tabou, mais comme une revendication structurante de la vision africaine de demain.
La marche de ce 30 avril n’était donc pas qu’un acte de fidélité politique. Elle était un cri collectif pour la justice, une injonction à regarder l’histoire en face et à y apporter, enfin, des réponses concrètes.
NGAMA
Correspondant, Moscou

