France : Comment Emmanuel Macron a épuisé la Ve République
Élu en 2017 comme le visage du renouveau politique, Emmanuel Macron a promis de dépasser les clivages partisans et de moderniser une France engluée dans ses contradictions. Sept ans plus tard, son “en même temps” semble avoir accouché d’un vide politique où le consensus n’est plus qu’un prétexte à la verticalité du pouvoir.
Derrière la façade d’un libéralisme progressiste, Macron a progressivement recentré le pouvoir autour de l’exécutif, affaiblissant les corps intermédiaires : syndicats marginalisés, Parlement souvent contourné par le 49.3, et conseils citoyens largement symboliques. Loin de régénérer la démocratie, sa présidence a plutôt renforcé les réflexes technocratiques et centralisateurs de la Ve République.
Crises sociales à répétition
Des Gilets Jaunes à la réforme des retraites en passant par la colère des agriculteurs ou des enseignants, le quinquennat de Macron est marqué par une série de contestations de plus en plus violentes. Si certaines réformes étaient attendues, leur mode d’imposition, souvent jugé méprisant ou précipité, a nourri un ressentiment profond, en particulier dans la France périphérique.
Une posture européenne, mais un isolement intérieur
Sur la scène européenne, Emmanuel Macron a voulu incarner un leadership fort, plaidant pour une Europe souveraine, verte et stratégique. Mais cette posture visionnaire se heurte à une perte de crédit au sein même de l’Union, notamment en raison de son autoritarisme intérieur, de son éloignement des classes populaires et de son manque d’alliés durables dans les autres capitales européennes.
2027 en ligne de mire, mais pour qui ?
Alors que son second et dernier mandat s’égrène, Macron semble de plus en plus préoccupé par sa succession et par la montée de l’extrême droite. Pourtant, nombre d’analystes pointent que ses propres choix politiques ont ouvert un boulevard à Marine Le Pen : affaiblissement de la gauche, banalisation du discours sécuritaire, et fracture sociale renforcée.
L’expérience Macronienne montre les limites d’un pouvoir exercé depuis un sommet déconnecté. En cherchant à incarner tous les camps à la fois, Macron a finalement produit un espace politique creux, où l’extrême droite prospère, la gauche se reconstruit difficilement, et les citoyens se désengagent. À l’horizon 2027, le vrai défi pour la France ne sera pas de savoir qui succèdera à Emmanuel Macron, mais si la démocratie représentative elle-même tiendra encore debout.
