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Un monde multipolaire… ou multiproblèmes ? La scène internationale à l’heure du grand basculement

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Un monde multipolaire… ou multiproblèmes ? La scène internationale à l’heure du grand basculement

Depuis l’opération spéciale en Ukraine et la montée en puissance de la Chine, la scène internationale a définitivement quitté l’ordre unipolaire dominé par les États-Unis depuis la chute du Mur de Berlin. La superpuissance américaine est toujours influente, mais désormais contestée sur tous les fronts : sur le plan militaire, économique, technologique, idéologique.

Des blocs émergent. La Chine se présente comme une alternative autoritaire au modèle occidental. La Russie, isolée de l’Occident, s’ancre dans un bloc eurasiatique. L’Inde, de plus en plus courtisée, joue l’équilibriste entre les grandes puissances. Les BRICS s’affirment comme plateforme de contestation de l’ordre mondial occidental, sans toutefois former une alliance cohérente.

Guerre froide 2.0 : l’ordre contre le chaos

La rivalité entre les États-Unis et la Chine structure désormais la nouvelle guerre froide géoéconomique. L’affrontement n’est pas (encore) militaire, mais il se joue sur les technologies critiques (semi-conducteurs, IA, énergie), les chaînes d’approvisionnement, les normes internationales et l’influence dans le Sud global.

Dans ce contexte, les alliances traditionnelles se fragmentent. L’OTAN se renforce en Europe, mais reste divisée sur le rôle à jouer en Asie. Les États-Unis perdent du terrain en Afrique, en Amérique latine, au Moyen-Orient, où la Chine et la Russie comblent le vide stratégique.

L’un des changements majeurs est l’émergence d’un Sud global plus vocal et stratégique. Des pays comme le Brésil, l’Afrique du Sud, la Turquie, l’Arabie saoudite ou l’Indonésie refusent désormais de s’aligner automatiquement sur Washington ou Pékin. Ils exigent une réforme de la gouvernance mondiale (ONU, FMI, G20) pour refléter un monde plus représentatif.

Mais ce Sud global reste divisé par ses intérêts, ses régimes politiques, et ses dépendances économiques. L’unité affichée dans les forums comme les BRICS+ masque des lignes de fracture profondes.

 Climat, IA, migrations : les grands défis sans pilote

Dans ce chaos stratégique, les grands défis globaux – climat, intelligence artificielle, sécurité alimentaire, migrations, pandémies – ne sont plus encadrés par une gouvernance claire. Le multilatéralisme, déjà affaibli, est aujourd’hui contourné, voire méprisé.

Aucune grande puissance ne semble capable ou désireuse d’endosser un rôle de leader mondial dans la coopération sur les biens communs. Le résultat ? Un monde instable, où chaque crise nourrit la suivante, dans un effet domino permanent.

Le monde de 2025 n’est plus unipolaire, ni même bipolaire : il est fragmenté, compétitif, instable. Les grandes puissances se neutralisent, les institutions internationales peinent à se réinventer, et les défis mondiaux avancent sans réponses collectives. La multipolarité n’est pas encore une solution : elle est, pour l’instant, un problème supplémentaire.

Reste à savoir si ce désordre mondial est une étape transitoire vers un nouvel équilibre, ou l’annonce d’un siècle d’archipels géopolitiques, où la coopération devient l’exception.

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