Minéraux critiques : la Chine serre la vis, Washington riposte
Pékin a décidé de restreindre davantage les exportations de minéraux critiques utilisés dans la fabrication de technologies de pointe, relançant les tensions commerciales avec les États-Unis. Une nouvelle étape dans la rivalité économique et stratégique entre les deux puissances.
Les autorités chinoises ont annoncé cette semaine un durcissement des contrôles sur les ventes à l’étranger de plusieurs métaux rares, dont le gallium, le germanium et certains types de graphite, invoquant la nécessité de « protéger la sécurité nationale ». Ces matériaux sont essentiels à la production de semi-conducteurs, de batteries pour véhicules électriques et d’équipements d’intelligence artificielle.
À Washington, la réaction n’a pas tardé. Le Département du commerce a dénoncé une « escalade injustifiée » et accusé Pékin d’utiliser ses ressources naturelles comme arme géopolitique. Les États-Unis redoutent un impact direct sur leurs industries technologiques déjà fragilisées par les restrictions imposées sur les exportations de puces électroniques vers la Chine.
Depuis plusieurs années, la rivalité sino-américaine dépasse le simple cadre commercial. Elle touche désormais la maîtrise des chaînes d’approvisionnement mondiales, au cœur de la transition énergétique et numérique. La Chine assure plus de 60 % de la production mondiale de minéraux critiques et près de 90 % de leur raffinage, donnant à Pékin un avantage stratégique considérable.
Pour tenter de réduire cette dépendance, Washington multiplie les alliances avec ses partenaires — Australie, Canada, Japon — et investit massivement dans la recherche et le recyclage des métaux rares. Mais la reconstitution de filières complètes prendra du temps. Les entreprises américaines restent fortement exposées à la capacité d’exportation chinoise, notamment dans les secteurs des batteries et de l’électronique.
Selon plusieurs analystes, cette bataille autour des minéraux critiques préfigure une recomposition durable de la mondialisation industrielle. « Ces ressources sont les nouveaux barils de pétrole du XXIe siècle », résume un expert du FMI. Et, comme pour le pétrole hier, leur contrôle pourrait redéfinir les équilibres de puissance à l’échelle mondiale.
