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Afrique, nouvel épicentre de la guerre d’influence Chine-Occident

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Afrique, nouvel épicentre de la guerre d’influence Chine-Occident

Dans le grand jeu d’échecs géopolitique mondial, l’Afrique n’est plus une simple case, mais une pièce maîtresse. Depuis le début du XXIe siècle, le continent est devenu l’objet d’une intense rivalité entre la Chine et les puissances occidentales, notamment les États-Unis et l’Union européenne. Derrière les partenariats économiques, les bases militaires, les dons ou les dettes, se dessine une lutte d’influence aux conséquences profondes pour la souveraineté et le développement de l’Afrique.

La Chine a réussi, en quelques décennies, à s’imposer comme le premier partenaire commercial de l’Afrique. Grâce à l’Initiative des Nouvelles Routes de la Soie (BRI), elle a financé des projets d’infrastructures majeurs (routes, ports, chemins de fer, hôpitaux, stades). Ce modèle séduit : il repose sur une diplomatie dite “non-ingérente”, sans conditionnalité politique apparente, contrairement aux partenariats occidentaux.

Cependant, des critiques émergent : dette insoutenable pour certains pays (Djibouti, Zambie), dépendance technologique (Huawei, surveillance numérique), ou présence de main-d’œuvre chinoise au détriment des emplois locaux.

Les puissances occidentales : entre réaction et repositionnement

Les États-Unis et l’Union européenne ont perçu tardivement l’ampleur du virage chinois en Afrique. Longtemps confiants dans leur influence historique (notamment via la francophonie, le Commonwealth, ou les institutions financières), ils se retrouvent aujourd’hui dans une posture défensive.

On assiste à un retour offensif :

  • Stratégie USA-Africa : plus d’investissements “durables”, accent sur les droits humains, partenariat climatique.
  • Global Gateway de l’UE : alternative européenne à la BRI, plus transparente et “respectueuse des normes”.
  • Mais aussi un regain de discours sur les valeurs démocratiques et la lutte contre la corruption.

Toutefois, cette approche reste perçue par de nombreux dirigeants africains comme paternaliste ou moralisatrice, en contraste avec le pragmatisme chinois.

L’Afrique : terrain de jeu ou acteur stratégique ?

L’erreur serait de croire que l’Afrique subit cette rivalité. Certains États jouent habilement des concurrences :

  • Le Sénégal ou le Kenya savent équilibrer leurs partenariats.
  • L’Afrique du Sud participe activement aux BRICS tout en conservant des liens avec l’Occident.
  • Le Maroc, le Rwanda ou l’Éthiopie diversifient leurs alliances selon des logiques nationales.

De plus, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourrait renforcer à moyen terme la position de l’Afrique comme bloc stratégique autonome.

Mais cette marge de manœuvre dépendra de la capacité des États africains à coopérer entre eux, à améliorer la gouvernance interne, et à mieux définir leurs priorités dans les négociations internationales.

L’Afrique n’est plus périphérique dans le jeu mondial. Elle devient un pivot stratégique dans la confrontation entre la Chine et l’Occident, une confrontation qui ne fait que commencer. Le véritable défi pour le continent est de ne pas se contenter de choisir un camp, mais de s’affirmer comme co-auteur de son destin géopolitique. À l’Afrique de transformer cette rivalité en levier de développement, d’autonomie et de renouveau géopolitique.

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