Corée du Sud : le président menacé de destitution après avoir tenté d’imposer la loi martiale
Le Parlement a déposé une motion de destitution, après la tentative du président sud-coréen d’instaurer, la veille, la loi martiale.
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a annoncé lever la loi martiale, quelques heures après l’avoir mise en place à la surprise générale pour “protéger” le pays contre les “forces communistes nord-coréennes”.
Le Parlement sud-coréen, avec 190 de ses 300 membres présents, avait adopté une motion pour bloquer cette mesure, jugée “illégale” par l’opposition.
Les partis d’opposition ont ensuite annoncé avoir déposé une motion en destitution du président.
“Hier soir à 23 heures, j’ai déclaré la loi martiale avec la ferme détermination de protéger le pays des forces anti-étatiques qui tentaient de paralyser les fonctions essentielles de l’État et de faire s’effondrer l’ordre constitutionnel de la démocratie libérale. Cependant, il y a un instant, le parlement a exigé la levée de la loi martiale, j’ai donc ordonné le retrait des forces militaires déployées à cette fin” a déclaré Yoon Suk-yeol lors d’une conférence de presse.
Des soldats se trouvaient aux abords du Parlement, selon des images télévisées. Des assistants parlementaires tentaient de les repousser à l’aide d’extincteurs.
Des centaines de manifestants s’étaient également rassemblés devant les bâtiments du gouvernement et ont appelé le président à démissionner. D’autres ont été vus bloquant des véhicules militaires.
Le chef de l’opposition sud-coréenne, Lee Jae-myung, a dénoncé la nouvelle loi martiale comme étant “illégale”. “L’imposition illégale de la loi martiale par le président Yoon Suk-yeol est invalide”, a déclaré en direct celui qui a perdu de justesse face au président Yoon lors de l’élection de 2022.
La décision du président Yoon a provoqué une onde de choc dans le pays, qui n’a pas connu de loi martiale depuis 1980 et dont le régime est considéré comme démocratique. Le won coréen a fortement chuté par rapport au dollar américain dans son sillage.
“Éradiquer les forces pro-Corée du Nord”
Lors de l’annonce de la loi martiale, le président a accusé les élus de l’opposition de couper “tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation qui sont la lutte contre les crimes liés à la drogue et le maintien de la sécurité publique (…), transformant le pays en un paradis de la drogue et en un lieu de chaos pour la sécurité publique”.
“Notre Assemblée nationale est devenue un refuge pour les criminels, un repaire de la dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes judiciaire et administratif, et à renverser notre ordre démocratique libéral”, a-t-il déclaré.