Deux Camerounais naturalisés Américains arrêtés aux États-Unis pour avoir orchestré depuis le Minnesota la guerre meurtrière qui ensanglante le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun.
Le ministère américain de la Justice a annoncé l’arrestation de deux hommes d’origine camerounaise, citoyens américains, accusés d’avoir financé et dirigé des attaques meurtrières au Cameroun. Une affaire qui révèle jusqu’où s’étend le bras de la crise anglophone.
L’information est tombée comme un coup de tonnerre ce 5 septembre 2025. Le département de la Justice des États-Unis a confirmé l’interpellation de deux hommes résidant dans le Minnesota, Benedict Nwana Kuah, 51 ans, et Pascal Kikishy Wongbi, 52 ans. Les autorités les soupçonnent d’avoir utilisé leur statut de citoyens américains et les facilités offertes par leur pays d’accueil pour soutenir et coordonner des actes de violence à des milliers de kilomètres, dans les régions anglophones du Cameroun.
Selon l’acte d’accusation rendu public, les deux hommes auraient organisé le financement d’armes, planifié des enlèvements, et encouragé des attentats dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, zones connues sous l’appellation « Noso ». Par le biais de campagnes de levée de fonds, notamment baptisées « 200 AKs », ils auraient sollicité des ressources destinées à équiper les combattants séparatistes de l’Ambazonia Defense Forces, groupe armé au cœur du conflit.
Les enquêteurs fédéraux affirment que les deux accusés ne se sont pas contentés de collecter de l’argent. Ils auraient également donné des instructions opérationnelles aux combattants, ordonnant parfois directement des attaques contre des civils et des forces de sécurité camerounaises. De telles accusations, si elles sont confirmées, pourraient les exposer à la prison à vie.
Cette affaire illustre la dimension transnationale de la crise anglophone, déclenchée en 2016 par des revendications politiques et linguistiques, puis enlisée dans une guerre de basse intensité qui a déjà fait des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes. Que des citoyens américains soient aujourd’hui accusés d’y jouer un rôle moteur montre à quel point le conflit a dépassé les frontières camerounaises.
Pour l’heure, Kuah et Wongbi attendent leur procès devant une cour fédérale. Leur arrestation envoie un signal fort : même à des milliers de kilomètres du Cameroun, les acteurs soupçonnés d’alimenter la guerre ne pourront plus agir en toute impunité.
Alioum Seidou, Correspondant Cameroun
