

Espagne : les dépenses militaires en hausse révèlent les fractures de la coalition gouvernementale
L’Union européenne encourage un réarmement historique face à la menace russe, mais en Espagne, les divergences entre le PSOE et Sumar au sein de la coalition gouvernementale, ainsi que les critiques du PP et de VOX, mettent en évidence l’absence de consensus politique sur la sécurité.
L’Europe se prépare à un réarmement historique face à des menaces géopolitiques croissantes. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé un plan ambitieux : mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros dans la défensedans les quatre années à venir.
L’OTAN, pour sa part, demande que les dépenses militaires de chaque pays membre dépassent 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) d’ici 2029 et vise même les 3 %. Un montant qui ne semble pas satisfaire le président américain Donald Trump, qui a demandé aux nations de l’Alliance d’atteindre 5%
Dans ce contexte, le gouvernement espagnol a approuvé mardi un plan de 2 084 millions d’euros pour la défense, qui est destiné à des programmes déjà en cours, comme l’a expliqué la porte-parole Pilar Alegría à l’issue du Conseil des ministres. Avec la hausse des budgets, le gouvernement insiste sur son engagement d’atteindre les 2 % du PIB “le plus rapidement possible”.
José Antonio Rodríguez, député du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et porte-parole de la formation en matière de défense, a déclaré à Euronews que le moment était venu d’investir dans la sécurité.
“C’est un moment stratégique, il y a une menace réelle, qui se rapproche chaque jour, et nous devons nous préparer pour ne pas répéter les erreurs de la Seconde Guerre mondiale”, affirme-t-il.
José Antonio Rodríguez ne fait pas seulement référence à l’armement, il évoque la nécessité d’améliorer la cybersécurité face aux attaques hybrides, rappelant que l’Espagne a été le deuxième pays le plus touché au monde en termes d’infrastructures critiques la semaine dernière.
Des “désaccords sains” au sein de la coalition gouvernementale
Cependant, la coalition au pouvoir présente quelques fissures. Alors que le PSOE considère l’augmentation comme un investissement dans la sécurité et l’autonomie stratégique, la formation de gauche radicale Sumar n’est pas d’accord.
La ministre de la Santé, Mónica García, a évoqué de “saines divergences” et des observations sur le renforcement militaire, bien que des voix au sein de la coalition de Yolanda Díaz – la fondatrice de Sumar – soient allées jusqu’à évoquer une possible sortie de l’OTAN.
Dans d’autres pays, comme l’Allemagne, un plus grand consensus s’est dégagé, même parmi les forces conservatrices et progressistes, en faveur d’une augmentation des investissements militaires.
Alberto Ibáñez, député de Sumar, a déclaré à Euronews que “le débat n’est pas de savoir combien il faut dépenser, mais comment”.
“L’Europe investit déjà plus que la Russie, mais nous avons besoin d’une politique étrangère commune et d’une souveraineté énergétique plutôt que d’un réarmement classique”, affirme-t-il.

