

Le 12 mai 2025, les États-Unis et la Chine annoncent une trêve commerciale de 90 jours après des négociations tendues à Genève, en Suisse. Mais derrière cette pause stratégique, les enjeux sont loin d’être résolus. La guerre commerciale qui dure depuis plusieurs mois est un bras de fer complexe où Donald Trump joue son rôle de stratège impitoyable, imposant des conditions strictes à Pékin tout en cherchant à remodeler l’économie mondiale. Décryptage d’une guerre qui façonne le futur du commerce international.
Une guerre à coups de milliards : comment tout a commencé
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, relancée dès le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en 2024, s’inscrit dans une logique de revanche économique. Trump, avec son style direct et sa rhétorique dure, accuse la Chine de “voler l’Amérique” depuis des décennies. Dès janvier 2025, il impose des droits de douane spectaculaires allant jusqu’à 145 % sur une large gamme de produits chinois : des équipements électroniques, des vêtements, des batteries, et plus encore.
La réponse de la Chine est immédiate. Pékin augmente ses propres taxes, atteignant 125 % sur les produits américains. Parallèlement, la Chine dénonce une politique qu’elle qualifie de “chantage économique”, et la tension monte rapidement. En toile de fond, les accusations de vol de propriété intellectuelle, de pratiques commerciales déloyales et d’exploitation des travailleurs dans les usines chinoises alimentent le feu.
Trump veut une pause, mais pas la paix
Malgré sa posture de « dur », Donald Trump annonce, le 12 mai 2025, une pause de 90 jours dans la guerre commerciale, conclue lors de discussions à Genève, en Suisse. Ce n’est pas un cessez-le-feu dans le sens traditionnel : c’est un calcul stratégique. Cette trêve vise à calmer les tensions économiques internes aux États-Unis et à apaiser les marchés financiers, dont la nervosité grandit à mesure que les droits de douane impactent les entreprises et les consommateurs.
Pourtant, cette pause n’indique pas un apaisement des tensions. Trump reste sur sa ligne dure. En réalité, le président américain veut imposer à la Chine des conditions bien plus strictes. Il exige que Pékin mette fin à ses subventions industrielles et qu’il cède sur des dossiers sensibles comme les transferts de technologie et la propriété intellectuelle. Selon Trump, ces pratiques sont les racines de l’inégalité économique mondiale. Il parle de “rééquilibrer” la balance commerciale, ce qui signifie une réduction drastique du déficit commercial américain avec la Chine.
Le vrai nerf de la guerre : les données et la techno
Derrière les taxes et les tarifs douaniers, c’est avant tout une guerre technologique. Trump cherche à ralentir la montée en puissance de la Chine, notamment dans des secteurs-clés comme la 5G, les semi-conducteurs et les plateformes sociales. Son action contre TikTok en est un exemple frappant : il menace de fermer l’application aux États-Unis à moins que la Chine accepte de céder un pourcentage de ses profits ou de vendre la plateforme à une entreprise américaine. C’est une tentative de contrôler l’influence numérique de la Chine, mais aussi d’imposer une domination américaine dans le secteur des technologies.
Trump semble considérer ces géants de la technologie comme des pions dans un jeu géopolitique où chaque échange, chaque concession, a un prix. L’objectif est clair : récupérer le leadership mondial en matière d’innovation et de données. Cette posture ne s’arrête pas aux frontières économiques et touche directement les libertés numériques et les droits des citoyens.
La Chine contre-attaque sur le narratif mondial.
De son côté, la Chine dénonce ce qu’elle appelle une stratégie de domination impérialiste de la part des États-Unis. Le gouvernement chinois insiste sur le fait que les États-Unis profitent de leur position dominante au sein des institutions internationales comme l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et le FMI (Fonds monétaire international) pour imposer des règles du jeu à leur avantage. Pékin se positionne comme une victime des pratiques américaines et plaide pour un commerce plus équitable avec le monde entier.
Elle rappelle que les multinationales américaines dépendent largement des ressources humaines et matérielles chinoises. Les usines chinoises fabriquent à bas coût, mais les produits, notamment dans le secteur de la mode et des technologies, sont ensuite vendus à des prix très élevés sur les marchés mondiaux, générant ainsi des bénéfices colossaux pour les entreprises américaines.
Une trêve en trompe-l’œil ?
Cette pause de 90 jours annoncée le 12 mai 2025 semble plus être une tactique de négociation qu’un véritable retour à la coopération. Trump ne cherche pas simplement à stopper la guerre commerciale ; il veut remodeler l’économie mondiale. La Chine, quant à elle, n’a pas l’intention de se laisser dicter sa stratégie et continue de pousser ses propres intérêts à l’échelle globale. Les prochaines semaines seront cruciales, mais une chose est sûre : cette trêve n’est qu’un calme avant la tempête. La guerre économique, elle, continue.
NGAMA
Correspondant ,Moscou

