

Kim Jong-un en Chine : le grand retour diplomatique de la Corée du Nord sous le regard de Moscou
C’est un événement diplomatique aussi rare que symbolique : Kim Jong-un effectuera sa première apparition sur la scène multilatérale depuis six ans, en se rendant à Pékin pour assister à un défilé militaire organisé par la Chine. À ses côtés, des représentants russes de haut rang, voire Vladimir Poutine lui-même, devraient être présents. Une image forte, à haute portée stratégique, dans un contexte mondial où les lignes d’influence se déplacent.
Ce déplacement intervient dans un moment géopolitique tendu, marqué par :
- L’aggravation du conflit en Ukraine.
- L’isolement croissant de la Russie vis-à-vis de l’Occident.
- Et le durcissement des positions américaines en Asie-Pacifique, notamment autour de Taïwan et de la péninsule coréenne.
Dans ce contexte, le rapprochement entre Pyongyang, Pékin et Moscou s’accélère, alimenté par des intérêts convergents : soutien mutuel face aux sanctions, coopération militaire discrète, et volonté de s’ériger en bloc contre l’hégémonie occidentale.
Un événement militaire, mais un message politique
Ce défilé militaire ne se limite pas à une démonstration de puissance : c’est une scène symbolique d’alignement stratégique. La présence de Kim Jong-un, longtemps replié sur son territoire depuis la pandémie de COVID-19, marque une réintégration calculée dans le jeu diplomatique régional, sous la protection de la Chine… et désormais avec le soutien explicite de la Russie.
En 2023 déjà, Vladimir Poutine et Kim Jong-un avaient multiplié les signes de rapprochement, avec des échanges d’armements, de satellites, et de coopération spatiale. En 2025, cette relation semble passer à un niveau politique supérieur, en se cristallisant dans un axe trilatéral anti-occidental assumé.
Ce déplacement illustre une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : l’Asie de l’Est est en train de se réorganiser selon une logique de blocs, avec d’un côté :
- La Chine, la Russie et la Corée du Nord,
- Et de l’autre, les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et leurs alliés du Pacifique.
La participation de Kim à Pékin n’est donc pas anodine. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large de fracturation stratégique mondiale, où la Corée du Nord retrouve, par ce biais, une légitimité diplomatique et un rôle de trouble-fête calculé.
En se montrant aux côtés de ses puissants alliés orientaux, Kim Jong-un envoie un signal clair : la Corée du Nord est prête à jouer un rôle actif dans un nouvel ordre mondial en mutation. Et la Chine comme la Russie lui en laissent désormais l’espace.
Ce déplacement à Pékin n’est donc pas une simple visite protocolaire. C’est un retour sur scène soigneusement chorégraphié, à la fois pour affirmer une souveraineté retrouvée, et pour rappeler que, dans un monde fracturé, l’unité des “parias” peut devenir une force politique redoutable.

