Mali-Niger-Burkina: une monnaie commune, à quel prix?
La création d’une monnaie commune n’a pas été officiellement annoncée, mais les dirigeants des pays de l’Alliance des États du Sahel n’hésitent plus à en faire un objectif affiché. Quelles en seraient les conditions ?
Le siège de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) à Ouagadougou, au Burkina Faso (Image d’illustration) Creative Commons BY-SA 3.0
Le général Abdourahmane Tiani, chef du régime militaire au Niger, a remis cette ambition sur la table dimanche soir dans une interview télévisée, estimant que la création d’une telle monnaie constituait une étape nécessaire pour que le Niger, le Mali et le Burkina sortent de la colonisation et recouvrent leur souveraineté. La semaine dernière, c’est le président de transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, qui abordait le sujet et rappelait sa volonté de couper tout lien avec la France. Depuis que ces trois pays ont annoncé leur départ de la Cédéao, le 28 janvier dernier, la création d’une monnaie commune est donc présentée comme une prochaine étape.
Son possible nom, le Sahel, a déjà été éventé par des personnalités proches des régimes malien, nigérien et burkinabè. Sur les réseaux sociaux, des modèles des futurs billets ont même été proposés, à l’effigie du colonel Assimi Goita, du capitaine Ibrahim Traoré et du général Abdourahmane Tiani.
Poliquement : les experts interrogés excluent donc unanimement cette possibilité.
Or les trois pays de l’AES ont annoncé fin janvier leur départ de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), mais pas de l’UEMOA. Or ce maintien est aujourd’hui un filet de sécurité pour les pays de l’AES, comme l’a d’ailleurs rappelé le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, puisqu’ils continueront de bénéficier, au sein de cet espace, de la libre circulation des biens, des personnes et des marchandises. Les membres de l’UEMOA bénéficiant sur ces points des dispositions similaires à celles de la Cédéao.