Santé publique en Espagne : les mauvaises conditions de travail incitent les médecins à quitter le pays
En Espagne, le manque de médecins est criant. Selon le Collège des médecins, il manque au moins 5 000 médecins de famille dans le pays. Pour remédier au problème, le ministère de la Santé augmente régulièrement le numerus clausus, mais cela reste insuffisant.
En 2020-2021, le ministère de la Santé a ouvert 6 718 nouvelles places dans les facultés de médecine. En 2021-2022, on est passé à 7 290. 7445 l’année suivante. Et pour cette année universitaire 2023-2024, ce sont environ 8 500. Une augmentation constante en raison d’un manque de praticiens. Il manque des milliers de professionnels dans tout le pays. La capitale, Madrid, Murcie en Andalousie, et les zones rurales sont particulièrement touchées.
Mais, dans ce pays quasi fédéral qu’est l’Espagne, où l’essentiel des prérogatives sanitaires est aux mains des 17 régions, le pouvoir central est confronté à des résistances locales qui expliquent ces carences en médecins.
Ce sont les régions qui ont les cordons de la bourse, et donc elles qui finalement décident réellement du nombre de médecins supplémentaires qui entreront en activité.
Pourtant, l’Espagne est le deuxième pays au monde, derrière la Corée du Sud, en nombre de facultés de médecines par densité de population. On en compte 46 dont 35 publiques. Le pays forme des médecins en quantité suffisante, sur le papier. Mais une fois diplômés, ils émigrent en masse.
D’après la revue des médecins, 18 000 médecins ont quitté l’Espagne en dix ans, c’est presque 2000 par an. Ils s’installent surtout en Suisse, au Royaume-Uni, en France, en Suède et dans des États du Golfe persique.
En 2022, 4 000 médecins espagnols ont demandé un certificat pour aller exercer à l’étranger, la moitié seulement l’ont obtenu. Et d’ailleurs, à en croire le Conseil général des collèges médicaux, beaucoup bouclent les dix ans d’études, terminent leurs spécialités, et attendent avant de trouver un poste à l’étranger.