

Soudan : la guerre s’enlise, la crise humanitaire atteint un seuil critique
Alors que les combats se poursuivent sans répit entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR), la situation humanitaire au Soudan plonge dans une urgence absolue. Les Nations unies alertent sur un risque de famine généralisée, tandis que les civils restent pris au piège d’un conflit qui ne montre aucun signe d’apaisement.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 11 millions de personnes ont été déplacées depuis le début de la guerre en avril 2023, faisant du Soudan la plus grande crise de déplacement au monde. À El Fasher, dans la région du Darfour, des frappes aériennes et des tirs d’artillerie ont récemment visé un camp de déplacés, provoquant des dizaines de morts parmi les civils, dont de nombreux enfants.
Les organisations humanitaires évoquent un désastre hors de contrôle. L’accès aux zones de conflit reste extrêmement limité, et plusieurs convois d’aide ont été interceptés ou pillés. « Le Soudan est en train de sombrer dans l’oubli, alors que les souffrances atteignent des niveaux insoutenables », a déploré un responsable de Médecins sans frontières (MSF).
Les médiations internationales, notamment celles menées par les États-Unis, l’Arabie saoudite et l’Union africaine, peinent à obtenir un cessez-le-feu durable. Les deux camps se rejettent mutuellement la responsabilité de la poursuite des hostilités. Sur le terrain, la guerre urbaine détruit les infrastructures essentielles : hôpitaux, écoles, réseaux d’eau et d’électricité.
Face à l’ampleur du désastre, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, appelle à une « mobilisation internationale immédiate ». Moins d’un quart des besoins humanitaires sont aujourd’hui financés, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Pour de nombreux observateurs, la guerre du Soudan est en passe de devenir une crise oubliée, éclipsée par d’autres conflits plus médiatisés. Mais ses conséquences — migrations massives, effondrement économique et instabilité régionale — pourraient peser durablement sur l’ensemble de la Corne de l’Afrique.

