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Vers un nouvel ordre monétaire mondial ? Le BRICS+ et la montée en puissance du yuan face au dollar

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Vers un nouvel ordre monétaire mondial ? Le BRICS+ et la montée en puissance du yuan face au dollar

Le dollar reste dominant, mais il n’est plus seul. Alors que les tensions géopolitiques et les rivalités économiques se multiplient, le groupe BRICS+ entend accélérer la transition vers un système monétaire plus multipolaire. En ligne de mire : la dépendance au dollar américain et au système financier occidental.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le dollar est la principale monnaie de réserve et d’échange au niveau mondial. Mais cette domination est de plus en plus remise en cause. Les sanctions occidentales contre la Russie en 2022 ont servi d’électrochoc pour plusieurs pays du Sud global, qui ont pris conscience de leur vulnérabilité face à un système dominé par les États-Unis.

En réaction, les pays membres du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), rejoints en 2024 par de nouveaux États comme l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Égypte et d’autres, ont renforcé leur coopération financière. Objectif : réduire leur dépendance au dollar dans les échanges internationaux.

Le yuan, monnaie de référence en devenir ?

La Chine, locomotive économique du groupe, pousse à une internationalisation accrue de sa monnaie, le yuan. En 2025, de plus en plus de transactions pétrolières, notamment entre la Chine et ses partenaires du Golfe, sont réalisées en yuan. Le lancement du CIPS, système chinois alternatif à SWIFT, permet déjà à certains pays d’échanger hors du circuit occidental.

Les banques centrales de plusieurs pays africains, asiatiques et latino-américains ont d’ailleurs commencé à diversifier leurs réserves de change en intégrant des actifs libellés en yuan.

Lors du sommet des BRICS+ en 2025, plusieurs chefs d’État ont évoqué la possibilité d’une monnaie commune, ou à défaut, la création d’un mécanisme de compensation multilatéral en monnaies locales. Même si la faisabilité technique et politique reste complexe, l’idée marque une volonté de sortir d’un système jugé trop centré sur l’Occident.

Malgré cette dynamique, le dollar reste prédominant, représentant encore près de 58 % des réserves de change mondiales en 2025, selon le FMI. Le yuan, lui, dépasse à peine les 5 %, bien que sa part augmente chaque année. Les freins structurels à son adoption (contrôle des capitaux, manque de convertibilité totale, incertitudes réglementaires) demeurent.

Cependant, la multiplication des accords bilatéraux en monnaies locales — y compris en Afrique — montre que le changement est en cours, surtout dans les économies émergentes.

Plus qu’un remplacement du dollar, c’est la coexistence de plusieurs monnaies de référence qui semble se dessiner. Un système moins centralisé, plus régionalisé, où l’euro, le yuan, et potentiellement une future monnaie BRICS, joueraient un rôle aux côtés du dollar.

La montée en puissance du BRICS+ et la progression du yuan ne signalent pas encore la fin du dollar, mais posent les bases d’un rééquilibrage monétaire mondial. Pour les pays du Sud, cela représente une opportunité de négocier de nouveaux rapports de force dans la finance internationale.

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