Rouble numérique et monnaie des BRICS+ : la Russie avance ses pions monétaires
La Russie compte sur plusieurs outils afin d’esquiver les sanctions qui pèsent sur son économie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Parmi ceux-ci, le rouble numérique dont le but est désormais avoué, ainsi qu’une éventuelle monnaie commune du côté des BRICS. Que prévoit Moscou ?
Moscou a déjà fait part de son intérêt pour les cryptomonnaies ces derniers mois, les jugeant appropriées pour des transactions à l’internationale. Mais la Russie compte aussi sur des monnaies fiduciaires pour constituer son arsenal anti-sanctions.
À commencer par le rouble numérique, qui est en cours de développement et de test en Russie. Le directeur adjoint du comité de la Douma dédié aux politiques économiques, Artem Kiryanov, a ainsi évoqué le sujet de cette monnaie numérique de banque centrale (MNBC) cette semaine. Selon lui, il y a 2 usages phares du rouble numérique : d’une part la transparence des dépenses publiques, et d’autre part les paiements internationaux
La Russie est en effet visée par de lourdes sanctions internationales, qui l’empêchent par exemple d’utiliser le réseau bancaire SWIFT. L’utilisation d’une devise telle que le rouble numérique pourrait donc permettre de les esquiver. En juillet dernier, Vladimir Poutine envisageait un lancement national de la MNBC sous un an.
Vers une monnaie commune pour les BRICS+ ?
Par ailleurs, en septembre, le président russe avait confirmé que les pays du BRICS+ avaient commencé à élaborer un système de paiement commun. La question d’une éventuelle monnaie commune est également revenue sur la table ces derniers mois, dans un contexte de dédollarisation.
Baptisée « The Unit », cette éventuelle monnaie commune pourrait concurrencer le dollar, avec l’appui conséquent de la Chine, qui fait partie du groupement BRICS.
Cela constituerait une révolution sur le plan économique mondial, mais une révolution qui pourrait prendre du temps. L’horizon 2030 est envisagé au plus tôt pour le déploiement d’une éventuelle monnaie commune. Elle nécessite en effet une collaboration de pays dont les systèmes politiques et financiers sont très disparates.
D’ici là, le mot d’ordre est « dédollarisation ». La Russie, la Chine et d’autres membres des BRICS+ appellent de leurs vœux une destitution du billet vert, qui a pris trop d’importance selon eux.
Pour la Russie, c’est d’ailleurs un enjeu existentiel. L’économie locale paie en effet le prix de 3 ans de guerre, et si les discours de Vladimir Poutine sont triomphants, la réalité est que le rouble a fortement chuté et que l’inflation s’élevait à 9 % en décembre dernier. L’arrivée d’une nouvelle monnaie et le recours à des solutions numérique sont donc particulièrement cruciaux pour Moscou.
