

Sous les projecteurs du Centre international de Conférences Abdou Diouf, le Premier ministre Ousmane Sonko a levé le voile ce vendredi sur le plan de redressement économique et social du Sénégal, en présence du président Bassirou Diomaye Faye, de membres du gouvernement, du corps diplomatique et de nombreux partenaires techniques et financiers. Une initiative qualifiée de « vitale » pour remettre le pays sur les rails.
Ce plan, fruit d’un diagnostic présenté comme rigoureux et sans concession, repose sur une idée centrale : tourner la page de la gestion passée jugée opaque, inefficace et insoutenable. Le Premier ministre a d’ailleurs dénoncé une situation économique qu’il a qualifiée de « catastrophe silencieuse », affirmant que l’endettement réel du pays dépasserait les 100 % du PIB, bien au-delà des chiffres jusqu’ici avancés publiquement. Les autorités ont évoqué la nécessité de « vérité des comptes » et ont promis une transparence sans précédent dans la gestion budgétaire.

Le plan se structure autour de plusieurs axes clés : recentrage des priorités budgétaires, lutte contre la corruption, rationalisation des dépenses de l’État et transformation structurelle de l’économie. L’objectif affiché est clair : reprendre le contrôle de l’économie nationale tout en assurant une meilleure redistribution des richesses. Ousmane Sonko a insisté sur la volonté de bâtir une économie résiliente, souveraine et fondée sur les besoins réels des populations. L’accent est mis sur l’agriculture, les énergies renouvelables, le numérique, la santé et l’éducation, avec des projets concrets qui devront être exécutés dès cette année.
L’événement a été l’occasion pour le gouvernement de dévoiler un calendrier précis et une batterie de mesures urgentes. Parmi elles : la revue de tous les contrats publics signés sous l’ancien régime, la suspension ou la renégociation des projets jugés non prioritaires, et la mise en place d’un mécanisme de suivi citoyen pour assurer la redevabilité. Les autorités ont également annoncé la réactivation d’un programme d’audit complet des finances publiques, avec le soutien de la Cour des comptes et d’experts indépendants.
Le Premier ministre a pris soin de rassurer les partenaires du Sénégal, affirmant que le pays honorera ses engagements, tout en exigeant des conditions plus équilibrées dans la coopération financière internationale. Un message à peine voilé au Fonds monétaire international, dont la mission attendue à Dakar dans les prochaines semaines devra évaluer la viabilité de ce nouveau cap économique. L’aide budgétaire du FMI, actuellement suspendue, pourrait conditionner une partie du redressement à court terme.
Ce discours offensif et structuré a été salué par une partie de l’opinion publique, qui y voit une rupture claire avec les pratiques passées. Mais des voix prudentes s’élèvent aussi, rappelant que les défis sont nombreux. Le Sénégal entre dans une phase charnière, et la réussite de ce plan dépendra autant de sa mise en œuvre que de la capacité du gouvernement à maintenir le cap face aux tensions sociales, politiques et économiques.
Le ton de la journée n’était pas celui du triomphalisme, mais plutôt d’un appel au travail, au sérieux et à la mobilisation. Une conférence de lancement sobre, ferme et tournée vers l’action, qui marque un tournant dans la gouvernance économique du pays.
Mamadou Cheikh, Correspondant Sénégal

