YAOUNDÉ – 2 octobre 2025.
À quelques jours de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Cameroun entre dans une phase historique.
Selon ELECAM, plus de 8 219 210 électeurs sont inscrits, soit le corps électoral le plus important jamais enregistré dans le pays.
Cette mobilisation massive dessine une élection disputée, où les stratégies régionales, mais aussi les innovations politiques et technologiques, pourraient faire la différence.
Les équilibres régionaux : entre poids démographique et enjeux symboliques
- Le Grand Nord (32,9 % des électeurs) : près d’un tiers du vote national. Toute campagne sérieuse doit y investir massivement.
- Le Grand Sud (26,7 %) : cœur historique du pouvoir, avec le Centre comme bastion politique.
- Le Littoral (15,3 %) : Douala et les grandes villes côtières, nerveux centres économiques et foyers d’une jeunesse urbaine connectée.
- Les régions anglophones (13,65 %) : un électorat sensible, marqué par la crise, mais déterminant dans une logique d’apaisement.
- L’Ouest (11,45 %) : dynamique, entreprenante, indépendante, souvent considérée comme la région des surprises électorales.
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Ces chiffres indiquent clairement que l’élection ne se gagnera pas seulement à Yaoundé ou Douala : elle sera le résultat d’un équilibre subtil entre bastions sécurisés et zones en quête de réconciliation.
Les stratégies classiques attendues des candidats
- Sécuriser le Grand Nord : Projets agricoles, lutte contre la pauvreté, sécurité face aux menaces terroristes.
- Séduire le Littoral : Emploi, infrastructures urbaines, réduction des impôts et modernisation administrative.
- Reconstruire la confiance dans les régions anglophones : dialogue politique, autonomie locale, développement post-crise.
- Maintenir le Centre et l’Ouest mobilisés : symboles du pouvoir politique et économique.
- Mobiliser les jeunes et la diaspora : vote décisif, porté par les réseaux sociaux et les transferts financiers.
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Les stratégies modernes : vers une révolution électorale
La cryptomonnaie comme outil électoral
Inspirés par l’expérience de Donald Trump aux États-Unis, certains candidats pourraient surprendre en intégrant la blockchain et les cryptomonnaies dans leur discours.
- Transparence électorale : promesse d’un registre numérique inviolable pour les résultats, gage de confiance dans un contexte de contestations fréquentes.
- Économie numérique : introduction de paiements en crypto pour encourager les jeunes entrepreneurs et les diasporas.
- Autonomisation de la jeunesse : mise en place de bourses financées via des tokens nationaux, permettant aux jeunes de participer activement à la vie économique.
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L’intelligence artificielle comme levier de développement
Le Cameroun pourrait suivre la vague mondiale où l’IA devient un outil politique et économique.
- Modernisation de l’administration : dématérialisation des services publics via l’IA pour réduire la corruption et accélérer les procédures.
- Éducation et emploi : programmes de formation en IA pour les jeunes, ouvrant sur des opportunités internationales.
- Santé et sécurité : détection des maladies, surveillance intelligente des frontières et gestion proactive des crises.
Un discours panafricaniste 2.0
Un candidat innovant pourrait articuler un projet autour d’une souveraineté numérique africaine :
- Promouvoir des solutions locales (fintechs, plateformes IA africaines).
- Défendre une place du Cameroun au sein des BRICS+, où cryptomonnaie et technologies de rupture sont déjà discutées.
- Réinventer le panafricanisme à travers la technologie, au service de l’autonomie économique et politique du continent.
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Une élection entre tradition et modernité
La présidentielle du 12 octobre 2025 ne se jouera pas seulement sur la base des équilibres régionaux. Elle pourrait marquer une rupture générationnelle et technologique.
Un candidat capable d’allier :
- les stratégies régionales classiques (Grand Nord, Littoral, régions anglophones),
- et une vision moderne basée sur la crypto et l’IA,
aurait la capacité non seulement de séduire les masses rurales, mais aussi de galvaniser la jeunesse connectée, la diaspora et les classes moyennes urbaines.
Au-delà d’un choix de président, ce scrutin pourrait être le moment où le Cameroun décide de sauter dans le train de la modernité numérique, rejoignant ainsi les grandes nations qui réinventent la politique à l’ère digitale.
Alioum Seidou, Cameroun, Correspondant.

