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France–Cameroun : L’arrogance de la leçon française face à la souveraineté camerounaise

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Un réflexe paternaliste persistant
À la suite de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel camerounais, Paris a jugé utile de se mêler du débat interne camerounais. Comme souvent, la France parle plus qu’elle n’écoute ; elle sermonne là où elle devrait dialoguer.
Or, qu’on le veuille ou non, le Cameroun reste un État souverain, doté d’institutions nationales qui seules détiennent la légitimité de trancher les questions électorales.
Une élection qui regarde les Camerounais, et eux seuls
La réélection du président Paul Biya suscite, certes, des débats légitimes au sein de la société camerounaise. Mais ces débats relèvent exclusivement du peuple camerounais.
Le paradoxe, c’est qu’en France même, le président Emmanuel Macron n’a pas été élu avec l’adhésion de tous les Français : il a bénéficié du désistement des électeurs plus que de leur conviction. Le taux d’abstention record et le rejet croissant de la classe politique française devraient inciter Paris à la modestie.
Les conseils passent mieux par l’exemple ; or la France, aujourd’hui, est mal placée pour donner des leçons de démocratie.
Une République instable en quête de crédibilité
En moins d’une décennie, plusieurs Premiers ministres français ont démissionné ou été poussés vers la sortie. Le pays vit au rythme de manifestations chroniques : « gilets jaunes », réformes des retraites, grèves générales, tensions sociales, violences urbaines.
Cette instabilité permanente révèle une République fragilisée, où la fracture entre gouvernants et gouvernés atteint des niveaux inquiétants.
Alors, comment comprendre que ce même État, en pleine crise de cohérence, s’autorise à questionner la stabilité d’un pays africain ?
Leçon du Sahel : la patience africaine a des limites
Les capitales africaines ont observé la recomposition du Sahel, où la présence militaire française a été rejetée par les peuples eux-mêmes. Cette évolution n’est pas le fruit d’un anti-francisme primaire, mais d’un ras-le-bol de la condescendance.
L’Afrique du XXIe siècle ne se gouverne plus depuis Paris. Elle se pense depuis Accra, Yaoundé, Abuja, Addis-Abeba ou Pretoria.
Respecter le Cameroun, ou perdre l’Afrique centrale
Le Cameroun n’a besoin ni de tuteur ni de correcteur. Il a besoin de partenaires fiables.
Les relations entre Paris et Yaoundé ne sauraient être celles d’un maître et d’un élève, mais celles d’amis adultes, capables de se parler franchement.
Si la France souhaite préserver ses liens historiques, elle doit changer de ton. Les Camerounais, comme la majorité des Africains, aspirent à une coopération basée sur la dignité réciproque et non sur la surveillance morale.
Le choix du Cameroun : la souveraineté ou rien
Le Cameroun ne revendique pas la perfection. Il revendique le droit à son propre rythme politique.
Comme l’a montré la récente élection, le pays poursuit sa marche institutionnelle avec ses imperfections, mais aussi avec sa maturité. Les observateurs étrangers peuvent commenter, pas interférer.
Et s’il est une leçon que Paris devrait retenir, c’est que l’Afrique, lorsqu’elle se sent humiliée, s’émancipe sans retour.
Une amitié à réinventer
La France et le Cameroun peuvent demeurer des partenaires, mais sur des bases nouvelles :
  1. Le respect mutuel ;
  2. L’égalité souveraine ;
  3. La non-ingérence.
À défaut, la France suivra au Cameroun le même chemin qu’au Mali, au Burkina Faso ou au Niger : celui du désintérêt populaire et de la perte d’influence.
Car l’Afrique contemporaine n’a plus besoin d’un tuteur ; elle a besoin d’un partenaire qui comprend que la souveraineté n’est pas négociable.
RussAfrik.info — Tribune du monde multipolaire et souverain
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