Guinée-Bissau : un nouveau coup d’État secoue l’Afrique de l’Ouest — Entre chaos électoral, rupture institutionnelle et quête de souveraineté

Bissau – 26 novembre 2025.
La Guinée-Bissau replonge une nouvelle fois dans une crise politique majeure. Après un scrutin présidentiel contesté et marqué par des tensions extrêmes, l’armée a annoncé avoir pris “le contrôle total du pays”, arrêtant le président Umaro Sissoco Embaló et suspendant toutes les institutions.
Des scènes de tirs nourris ont retenti près du palais présidentiel, les frontières ont été fermées, un couvre-feu décrété, et une junte militaire provisoire a proclamé la dissolution de l’ordre constitutionnel.
Un coup d’État déclenché par une élection explosive
Le 23 novembre, lors de l’élection présidentielle, les deux principaux candidats —
Umaro Sissoco Embaló (sortant) et Fernando Dias da Costa (opposition) —
se sont tous deux autoproclamés vainqueurs avant même les résultats officiels.
Un acte qui a plongé le pays dans le chaos et a offert à l’armée un prétexte pour intervenir et “restaurer l’ordre”.
La junte militaire, apparaissant à la télévision nationale, a ordonné la suspension du processus électoral, la fermeture des frontières et la mise en place d’un High Military Command for the Restoration of National Security and Public Order.
Une instabilité chronique : la Guinée-Bissau face à son histoire
Depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a traversé :
• 9 coups d’État ou tentatives de coups
• une série d’insurrections militaires
• une alternance fragile entre pouvoir civil et pouvoir militaire
Ce nouveau putsch s’inscrit dans une continuité historique inquiétante, faisant de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest l’un des plus instables de la région.
Réactions internationales : inquiétude mais pas de surprise
La CEDEAO, l’Union Africaine, l’ONU et plusieurs partenaires occidentaux ont rapidement exprimé leur préoccupation, appelant au rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Mais pour de nombreux observateurs, cette réaction officielle cache mal une réalité géopolitique :
La Guinée-Bissau est un terrain stratégique dans le jeu d’influence entre le bloc occidental, les puissances émergentes et les réseaux militaires locaux.
Analyse Panafricaine — Un symptôme d’un mal plus profond : la crise de légitimité en Afrique francophone
Du Mali au Niger, du Tchad à la Guinée-Conakry, et désormais en Guinée-Bissau, une tendance se renforce :
Le peuple rejette des systèmes politiques fragiles et hérités.
Les armées remplissent le vide laissé par l’absence de souveraineté réelle.
Les élections contestées, les influences étrangères, les fragilités institutionnelles et la pauvreté structurelle ont érodé la confiance dans le processus démocratique hérité de l’ère coloniale.
Pour les panafricanistes, ce qui se déroule en Guinée-Bissau est plus qu’un simple coup d’État :
🔹 C’est l’expression d’un rejet du modèle politique importé
🔹 C’est le signe d’un besoin de refondation profonde
🔹 C’est une crise qui touche à la souveraineté elle-même
Un coup d’État… mais pas seulement
La question centrale n’est pas seulement :
Pourquoi l’armée a-t-elle pris le pouvoir ?
Mais plutôt :
Pourquoi les institutions civiles n’ont-elles plus la confiance du peuple ?
Pourquoi les élections ne suffisent-elles plus à assurer la stabilité ?
Pourquoi les nations d’Afrique de l’Ouest restent-elles vulnérables aux ingérences extérieures ?
La Guinée-Bissau illustre un combat continental :
sans institutions fortes, sans souveraineté réelle, sans modèles adaptés à nos réalités africaines, aucun pays ne pourra construire une stabilité durable.
Quel avenir pour la Guinée-Bissau ?
Trois chemins s’offrent au pays :
1. Une transition militaire prolongée, risquant l’isolement international.
2. Un retour rapide à un processus électoral, mais sous la pression internationale et sans réforme profonde.
3. Une refondation panafricaine, avec l’appui régional, pour reconstruire un système politique basé sur :
• les réalités locales,
• la souveraineté,
• la participation citoyenne,
• l’autorité légitime et non imposée.
La Guinée-Bissau, miroir d’un continent en mutation
Le coup d’État du 26 novembre 2025 n’est pas un événement isolé.
Il s’inscrit dans une redéfinition profonde du paysage politique africain, où les peuples réclament :
• plus de souveraineté,
• plus de transparence,
• plus de modèles africains pour régler des problèmes africains.
La Guinée-Bissau n’est pas seulement en crise.
Elle est à la croisée des chemins — comme beaucoup de nations africaines aujourd’hui.
RussAfrik continuera de suivre cette situation avec un regard africain, indépendant et panafricain.

