RussAfrik, édition spéciale – 29 juillet 2025
Par notre rédaction centrale, Abidjan
Contre toute attente ou peut-être pas le Président ivoirien Alassane Dramane Ouattara a annoncé ce mardi sa candidature pour l’élection présidentielle du 25 octobre 2025. Un coup de tonnerre dans un ciel que certains espéraient enfin ouvert à une alternance démocratique apaisée.
À 83 ans, après 14 années de pouvoir effectif et une première promesse de ne pas se représenter, le chef de l’État opère un revirement stratégique aux airs de déjà-vu en Afrique francophone.
A suivre l’annonce de Ouatara sur cette video en direct:
Encore lui ?
Cette annonce, faite sans tambour mais avec fracas, pose une question légitime, au-delà des appartenances politiques : à quand la fin ? Est-ce la longévité qui fait la stabilité ? Ou la peur du vide qui pousse les chefs à ne jamais descendre de scène ?
La Côte d’Ivoire, première économie de l’UEMOA, aurait pu offrir un exemple rare de passation du pouvoir sans crise, sans chaos, sans héritier imposé. Mais non. L’histoire semble encore une fois s’écrire à l’encre d’un seul stylo : celui du président sortant.
Un RHDP sans dauphin ? Ou sans courage ?
L’annonce d’Alassane Ouattara est aussi un aveu : après trois mandats (dont deux reconnus par la Constitution), son parti, le RHDP, n’a visiblement pas réussi à faire émerger un successeur naturel, crédible, solide.
Est-ce un échec de formation politique ? Ou une stratégie bien huilée de verrouillage du pouvoir ? À Abidjan comme à Bouaké, nombreux sont ceux qui s’interrogent : Si le président ne part pas maintenant, partira-t-il jamais ?
Le choc des générations
La jeunesse ivoirienne, ultra-connectée, informée et de plus en plus politisée, regarde cette décision avec perplexité. Pour certains, c’est un recul démocratique. Pour d’autres, une manœuvre classique du « système ». Dans les taxis, les bars, les universités, les commentaires fusent :
« Il a fait son temps. On veut autre chose. »
« C’est toujours les mêmes, les jeunes n’ont aucune chance. »
« À croire que l’Afrique n’a que des présidents éternels. »
Une exception africaine ? Vraiment ?
Ce scénario ivoirien vient s’ajouter à une longue série de résurgences politiques sur le continent : Museveni en Ouganda… La tentation du pouvoir à vie n’a pas dit son dernier mot. Pourtant, l’Afrique bouge, l’Afrique pense, l’Afrique aspire à mieux.
RussAfrik pose une question simple :
Peut-on réellement parler de démocratie quand une seule personne incarne à la fois le passé, le présent et l’avenir du pays ?
Et maintenant ?
L’opposition aura-t-elle les moyens de répondre à ce coup de poker ? Les tensions communautaires vont-elles ressurgir ? Le processus électoral sera-t-il transparent ? Et surtout, le peuple acceptera-t-il encore une fois, sans broncher, que les dés soient pipés dès le départ ?
La présidentielle ivoirienne de 2025 vient de prendre une tournure plus sérieuse, plus tendue, et peut-être plus risquée.
RussAfrik suivra, comme toujours, au plus près les réactions populaires, les jeux d’alliances, et les vérités qui dérangent.
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