Des coups d’Etat en Afrique : La position controversée de la France, peut-il y avoir de bons coups d’État militaires ?  

Le coup d’état au Niger a fait basculer ce qui était devenu après les putschs au Mali et au Burkina Fasso le cœur du dispositif militaire français au Sahel dans lutte contre djihadisme. Celui au Gabon, petit pays riche en pétrole et en minerais, ébranle ce qui est le symbole même de la France-Afrique dans ce qu’elle peut avoir de plus délétère entre mise en coupe réglée des richesses du pays et réseaux occultes de pouvoir. Cette photo prise lors de la Cop 28 qui se tient à Dubai entre le président français, Emmanuel Macron et l’actuel homme fort du Gabon, Brice Oligui Nguema en dit long.
Les récents putschs s’ajoutent au précédent et marginalisent encore un peu plus la présence d’une France devenue la cible privilégiée des pouvoirs africains pour masquer leurs défaillances même si à Libreville, à la différence de Bamako et de Niamey elle n’est pas conspuée dans les rues.
Le putsch au Gabon a été condamné aussi bien par la Cedeao, l’organisation régionale des pays de l’Afrique de l’ouest que par les Européens, ou même la Chine qui appelle à garantir la sécurité d’Ali Bongo grand ami de Pékin, et bien sûr par la France qui “surveille avec beaucoup d’attention la situation”. Et non sans un certain embarras.
Après l’élection présidentielle frauduleuse de 2016 et la répression violente des manifestations de l’opposition, Paris avait pris ses distances. Mais la venue en mars dernier d’Emmanuel Macron à Libreville pour un sommet international pour la défense des forêts fut interprétée comme un soutien implicite au président en place même si chef d’État a rappelé à cette occasion dans un discours que l’ère de “l’ingérence” était terminée.

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Une position délicate pour la France
Le coup d’État post électoral gabonais interroge. Au Niger les militaires factieux ont déposé et pris en otage un chef d’Etat élu dans un scrutin relativement régulier d’où le refus des autorités françaises d’accepter le diktat des putschistes et le soutien sans faille “au courage du président Mohammed Bazoum” encore rappelé par Emmanuel Macron devant les ambassadeurs.
Le cas gabonais est quelque peu différent. Aucune alternance démocratique n’y a été possible en quarante ans. C’est une dictature profondément corrompue même si Ali Bongo comme auparavant son père aimait à se poser en grand allié de la France, se rendant d’ailleurs volontiers dans la capitale française où le clan familial possède un consistant patrimoine immobilier, estimé à quelque quatre-vingt millions d’euros, qui fait l’objet de diverses lui-même protégé par l’immunité présidentielle.
Peut-il y avoir alors de bons coups d’État militaires ? “
On peut se faire un trône avec des baïonnettes mais difficilement s’asseoir dessus” aurait dit Talleyrand. L’après putsch est le moment de vérité.
Des coups d’État en série ont des racines profondes
Bien au-delà des intérêts de clans militaires ou du jeu de la Russie qui ne font que profiter d’un effet d’aubaine. “Les coups d’État apparaissent comme la seule manière de provoquer le changement, d’assurer une forme d’alternance au sommet et d’accélérer la transition générationnelle“. Il y a aujourd’hui un immense espoir au Gabon comme les montrent les scènes de liesse à Libreville.
Si la Cedeao abandonne le président Bazoum, je pense que tous les présidents de la région sont à peu près conscients du destin qui leur sera réservé” a martelé Emmanuel Macron devant les ambassadeurs. Mais cette position française “sans paternalisme ni faiblesse” est bien isolée. Si formellement une intervention de la Cedeao au Niger est encore en préparation elle est de moins en moins probable. Washington se garde bien de reconnaître que le coup d’État militaire au Niger est un coup d’État militaire et négocie déjà avec la junte pour le maintien de sa base militaire. Les Allemands et les Italiens qui ont aussi des hommes sur place font de même.
Le cas du Gabon, même si les enjeux stratégiques y sont beaucoup plus limités, s’annonce encore compliqué pour les autorités françaises qui ne peuvent décemment pas appeler à un retour au pouvoir d’Ali Bongo. Elles insistent pour la tenue de nouvelles élections reconnaissant par la même à quel point le scrutin du 26 août était une farce. Jamais depuis la fin de la décolonisation, la présence de la France, au-delà de ses déploiements militaires n’a été aussi faible, notamment économiquement, dans une Afrique de l’ouest où Russes, Chinois et Turcs sont toujours plus actifs. Et jamais le rejet de la France n’a été aussi fort qu’aujourd’hui.