Mardi, la séance de l’Assemblée nationale française a été houleuse. Une motion de censure a été dégainée avant même que le gouvernement Barnier n’ait eu le temps de déposer le moindre texte de loi ou de soumettre un budget à la représentation nationale.

La motion a été déposée par le Nouveau Front Populaire de gauche, qui savait qu’il n’avait aucune chance, mais a décidé de foncer, espérant malgré tout pouvoir faire basculer les choses. Sans succès, puisque seuls 197 députés ont voté en faveur de la motion de censure, loin de la majorité absolue nécessaire, fixée à 289 voix.

Mais ce n’est pas tant l’issue du vote qui est la plus intéressante à retenir, mais plutôt l’instantané offert par le débat, révélant l’image de la dynamique politique et des positions des différents acteurs.

Débat révélateur de la dynamique politique

Le chef des socialistes, Olivier Faure, porteur de la motion, a dénoncé une fois de plus un déni de démocratie. “Jamais, je n’aurais dû me tenir devant vous aujourd’hui pour défendre cette motion de censure. Jamais, Monsieur le Premier ministre, vous n’auriez dû vous tenir devant moi et siéger sur ces bancs avec un gouvernement qui, lui non plus, n’aurait jamais dû être nommé. Le 7 juillet, c’est le Front Populaire qui est arrivé en tête”, a-t-il asséné.

Michel Barnier a répliqué par un rappel arithmétique: “Vous pouvez dire ce que vous voulez, cette majorité relative, composée de plusieurs groupes, est la moins relative, Monsieur Faure”.

La stratégie de la non-censure du RN

Ensuite, les chefs de groupes se sont succédé à la tribune et les échanges ont été vifs. “Vous gouvernez par effraction!”, a notamment lancé Clémence Guetté, députée de la France insoumise, à Michel Barnier.

Guillaume Bigot, représentant du RN, dont les voix étaient cruciales pour le vote de cette motion, a considéré que la censure était inutile à ce stade: “On ne censure pas quand ce n’est pas le moment. Faire une bonne chose au mauvais moment, c’est faire une mauvaise chose. Avoir raison à contretemps, c’est avoir tort!”

“On ne censure pas, car un seul tweet de Marine Le Pen suffit à infléchir la position du Premier ministre sur la désindexation des salaires”, ajoute-t-il.

Le RN a ainsi affirmé brûler de voter la confiance, mais ne l’a pas fait tout de suite. Michel Barnier est donc toujours en place, mais dans un siège plus que jamais éjectable.