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Italie : Entre nationalisme et réalisme, l’équilibre précaire de Giorgia Meloni
L’Italie est connue pour son instabilité politique, marquée par des coalitions fragiles et des changements fréquents de gouvernements. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays a vu défiler plus de 70 gouvernements, soit une moyenne d’un gouvernement tous les 1,3 ans. Cette instabilité est due à un système parlementaire qui favorise les alliances de circonstance, rendant la gouvernance complexe.
Le système politique repose sur un parlement bicaméral composé de la Chambre des députés et du Sénat, élus au suffrage universel direct. Cependant, les majorités parlementaires sont souvent fragiles, obligeant les partis à composer avec des alliances parfois contre nature.
2. L’ascension de Giorgia Meloni et la consolidation de la droite
Depuis octobre 2022, l’Italie est dirigée par Giorgia Meloni, cheffe du parti Fratelli d’Italia (FdI), une formation politique d’extrême droite. Son arrivée au pouvoir marque une transformation du paysage politique italien, où la droite nationaliste a pris le dessus sur la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia, fondée par Silvio Berlusconi.
Meloni a su capitaliser sur la lassitude des Italiens face aux crises politiques répétées et l’inefficacité perçue des gouvernements précédents. Son discours souverainiste, axé sur la défense des traditions italiennes, la lutte contre l’immigration illégale et un certain euroscepticisme modéré, a séduit une grande partie de l’électorat conservateur.
3. Un équilibre délicat entre nationalisme et pragmatisme européen
Bien que Giorgia Meloni ait mené une campagne électorale en critiquant l’Union européenne, une fois au pouvoir, elle a adopté une posture plus pragmatique. L’Italie reste fortement dépendante des fonds européens, notamment du plan de relance post-Covid, dont elle est le principal bénéficiaire (environ 200 milliards d’euros).
Meloni a donc cherché à rassurer Bruxelles en maintenant un dialogue constructif avec les institutions européennes, tout en défendant une approche plus stricte sur les questions migratoires et budgétaires. Elle collabore avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur plusieurs dossiers sensibles, notamment la gestion des flux migratoires en Méditerranée.
4. Les défis majeurs de l’Italie
a) L’économie et la dette publique
L’Italie est la troisième économie de la zone euro, mais elle fait face à une dette publique colossale (environ 140 % du PIB). La croissance reste fragile, et les défis structurels liés au chômage des jeunes, à la productivité et aux réformes administratives pèsent sur le pays.
b) La question migratoire
Située en première ligne des flux migratoires en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient, l’Italie est confrontée à une forte pression migratoire, notamment sur l’île de Lampedusa. Le gouvernement Meloni prône une politique de fermeté en matière d’immigration, appelant à une meilleure répartition des migrants au sein de l’Union européenne.
c) Les tensions internes et régionales
L’Italie est marquée par un clivage Nord-Sud persistant. Le Nord industriel, plus riche et proche des standards économiques européens, contraste avec le Sud, qui souffre d’un chômage élevé et d’un développement économique plus lent. Cette fracture alimente des tensions politiques, notamment avec la Ligue de Matteo Salvini, historiquement attachée à une plus grande autonomie du Nord.
5. Quelle place pour l’Italie sur la scène internationale ?
Sous Meloni, l’Italie cherche à renforcer son rôle sur la scène internationale, notamment au sein du G7, de l’OTAN et de l’Union européenne. Son gouvernement affiche un soutien clair à l’Ukraine face à la Russie et entretient des relations privilégiées avec les États-Unis.
Cependant, Rome doit naviguer entre ses engagements internationaux et ses intérêts nationaux, notamment en matière énergétique. L’Italie a réduit sa dépendance au gaz russe après l’invasion de l’Ukraine, en développant des partenariats avec des pays africains comme l’Algérie.
L’Italie reste un acteur clé en Europe, mais son instabilité politique chronique et ses défis économiques fragilisent son influence. Sous Giorgia Meloni, le pays tente de conjuguer un nationalisme assumé avec un pragmatisme européen, tout en gérant des tensions internes et des défis internationaux majeurs. L’avenir politique italien dépendra de la capacité du gouvernement à maintenir une majorité stable et à répondre aux attentes d’une population en quête de stabilité et de prospérité.
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