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La Chine lance la construction du plus grand barrage hydroélectrique du monde

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La Chine a officiellement lancé l’un des projets énergétiques les plus ambitieux de ce début de siècle : la construction du futur plus grand barrage hydroélectrique au monde, sur le fleuve Yarlung Tsangpo, dans la région autonome du Tibet. Selon l’agence officielle Xinhua, ce complexe titanesque, estimé à plus de 170 milliards de dollars, s’inscrit dans la stratégie nationale de transition énergétique, et ambitionne de dépasser largement, en puissance comme en impact, le barrage des Trois Gorges, qui détient actuellement le record mondial.


Le projet repose sur une vision à long terme : tirer parti du formidable potentiel hydraulique du plateau tibétain, tout en assurant un approvisionnement massif en énergie propre et renouvelable. À terme, la production annuelle pourrait atteindre 300 milliards de kilowattheures une quantité suffisante pour alimenter plusieurs grandes métropoles ou couvrir les besoins d’un pays de taille moyenne. Il s’agit d’un système composé de cinq stations hydroélectriques connectées, formant un ensemble cohérent, pensé pour optimiser l’exploitation du fleuve tout en assurant une régulation efficace des débits et une gestion fine des ressources.

La Chine présente ce chantier comme un jalon essentiel dans sa politique de réduction des émissions carbone, dans un contexte mondial marqué par l’urgence climatique et les bouleversements géopolitiques liés à l’énergie. En investissant massivement dans les infrastructures vertes, Pékin affirme sa volonté de jouer un rôle moteur dans la lutte contre le réchauffement climatique, tout en renforçant son indépendance énergétique. À l’heure où de nombreux pays débattent encore des modalités de leur transition, la Chine agit, mobilise ses capacités d’ingénierie, et avance à un rythme que peu de nations peuvent suivre.

Ce projet suscite néanmoins des réactions contrastées à l’international. En aval du fleuve, l’Inde et le Bangladesh ont exprimé des réserves, évoquant des craintes liées à la régulation des eaux du Brahmapoutre nom que prend le fleuve en quittant le territoire chinois. Pékin, de son côté, assure que le projet respecte les normes internationales, et s’appuie sur des études d’impact environnemental rigoureuses. Des observateurs notent aussi que la Chine n’a pas l’habitude d’agir de manière improvisée dans ce type de dossier stratégique, où stabilité régionale et souveraineté hydrique sont soigneusement équilibrées.

Le chantier, qui devrait s’étaler sur une décennie, représente également une prouesse technologique. Construire dans une zone montagneuse, sujette à des risques sismiques et climatiques, exige des solutions d’ingénierie de pointe. Ce projet est aussi un laboratoire grandeur nature pour les technologies vertes “Made in China” : automatisation, gestion intelligente des flux d’eau, nouveaux matériaux résistants aux conditions extrêmes, intégration à grande échelle dans les réseaux énergétiques intelligents.

Ce barrage n’est pas seulement un projet d’infrastructure : il incarne une nouvelle phase de la modernisation chinoise, où puissance technologique, responsabilité environnementale et projection géopolitique s’entremêlent. Là où certains y voient un facteur de tension ou de compétition stratégique, d’autres y lisent un modèle alternatif de développement durable à grande échelle. Une chose est certaine : le monde regarde ce chantier avec attention, à la croisée des enjeux du XXIe siècle.

 

Gérard Stéphane, correspondant zone Europe

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