La Russie se détourne de SWIFT : un nouveau système de paiement en cours de développement
Tatiyana Bakaltchouk, la femme la plus riche de Russie, a obtenu l’accord du président Vladimir Poutine pour développer un projet ambitieux visant à isoler l’économie russe des sanctions internationales.
Cette initiative consiste à créer une alternative au système de paiement global américain SWIFT, selon Bloomberg.
Bakaltchouk, fondatrice de la plateforme en ligne “Wildberries”, collabore avec le groupe “Rus”, principal acteur publicitaire en Russie, pour établir un marché numérique destiné aux petites et moyennes entreprises. L’objectif est de faciliter la promotion et l’exportation de leurs produits.
La collaboration prévoit également la mise en place d’une plateforme de paiement pouvant servir d’alternative au réseau de messagerie financière SWIFT pour les transactions internationales.
Ce projet, bénéficiant de l’approbation personnelle du président Poutine, est supervisé par Maksim Oreshkin, vice-président de l’administration du Kremlin.
Les défis à relever
Le réseau SWIFT connecte environ 11 000 institutions financières dans plus de 200 pays. Depuis le début du conflit russo-ukrainien, les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne ont isolé les principales banques russes du réseau SWIFT, obligeant la Russie à explorer d’autres méthodes de paiement.
Wildberries, entreprise de Bakaltchouk, a joué un rôle crucial dans l’économie de guerre russe. Ses ventes ont augmenté de 50%, atteignant 2,5 trillions de roubles (28 milliards de dollars) l’année dernière, en grande partie grâce à la sortie de détaillants occidentaux comme IKEA, H&M, et Levi’s du marché russe.
Contexte économique
Les dépenses budgétaires du gouvernement russe, y compris les dépenses militaires et sociales, ont augmenté d’un tiers l’année dernière, entraînant une pénurie de main-d’œuvre et une augmentation des salaires. Cette situation a stimulé la consommation, avec une croissance des achats en ligne de 45%, atteignant 8,3 trillions de roubles (93 milliards de dollars). Wildberries et Ozon, qui dominent plus de la moitié du marché, sont les leaders de ce secteur.
La vision de Bakaltchouk
La fortune personnelle de Bakaltchouk a augmenté de 40%, atteignant 8,1 milliards de dollars, selon l’indice des milliardaires de Bloomberg. Lors du récent forum économique de Saint-Pétersbourg, elle a exprimé sa confiance dans l’avenir des affaires privées en Russie, soulignant la nécessité d’un soutien de l’État.
Alexandra Prokopenko, du Carnegie Russia Eurasia Center, a déclaré à Bloomberg : “Bakaltchouk comprend bien que la crise est une période d’opportunités. Elle cherche à étendre ses activités pour les protéger, devenant ainsi trop grande pour échouer et plus visible pour le Kremlin.”
Risques futurs
Bakaltchouk a fondé Wildberries en 2004, ciblant initialement les consommateurs soucieux de leur budget. Malgré son succès, elle fait face à des risques, notamment des sanctions potentielles des États-Unis et de l’Europe. Son implication dans la création d’un nouveau système de paiement pourrait augmenter ces risques, les alliés occidentaux de l’Ukraine ayant déjà ciblé d’autres services financiers russes.
Le projet de Wildberries Rus Group vise à s’étendre aux pays voisins amis de la Russie et aux pays du Sud global, ce qui pourrait augmenter le PIB russe de 1,5% par an, selon Bloomberg.
Bien que le succès du nouveau système de paiement ne soit pas garanti, l’initiative de Bakaltchouk représente une étape significative dans les efforts de la Russie pour s’adapter aux sanctions internationales et en atténuer les effets.