

l’Afrique de l’Est choisit désormais la souveraineté. Face à la réduction soudaine et brutale de l’aide américaine destinée à la lutte contre le VIH, l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya ont refusé de plier le genou. Plutôt que de supplier Washington de revenir sur sa décision, les trois pays ont pris une résolution historique : réorienter leurs budgets nationaux pour financer eux-mêmes les programmes vitaux de santé publique.
Les coupes américaines, annoncées début 2025, ont touché de plein fouet des programmes soutenant des millions de personnes vivant avec le VIH. En quelques semaines, plusieurs ONG locales partenaires de PEPFAR ont dû licencier, des centres de dépistage ont fermé, et la chaîne d’approvisionnement en antirétroviraux a été menacée. Mais ce que l’administration américaine semblait attendre des appels à l’aide, une dépendance renforcée ne s’est jamais produit.
Les gouvernements d’Afrique de l’Est ont réagi avec calme, détermination et stratégie.
En Ouganda, le Parlement a adopté une résolution exceptionnelle pour injecter 6 milliards de shillings ougandais dans les systèmes de santé, avec un accent sur la logistique des ARV, les bases de données médicales et la gestion directe des ressources. La résolution a été votée à l’unanimité, signe d’un consensus politique rare autour d’une urgence sanitaire.
Au Kenya, le gouvernement a lancé un plan de souveraineté numérique en santé, destiné à rapatrier la gestion des données de patients et des infrastructures numériques jusque-là opérées par des entités financées par les États-Unis. Le pays a également accru sa contribution directe au programme VIH national, atteignant un niveau jamais enregistré auparavant.
La Tanzanie a, de son côté, investi dans la production locale de traitements antirétroviraux génériques et a augmenté son enveloppe pour les centres communautaires de soins. Une résolution ministérielle a été signée début avril 2025, réaffirmant l’objectif de couverture universelle des traitements d’ici fin 2026.
Ces décisions ont été prises non seulement pour maintenir les acquis baisse du taux de transmission, accès élargi au dépistage, millions de patients sous traitement mais aussi pour envoyer un message clair : l’Afrique de l’Est refuse désormais de bâtir sa santé sur des fondations étrangères fragiles et imprévisibles.
“Nous savons que nous avons compté sur l’aide internationale pendant longtemps”, a déclaré une députée ougandaise lors du vote. “Mais aujourd’hui, nous décidons d’assumer notre responsabilité. Non par fierté, mais par nécessité.”
L’ONUSIDA et plusieurs partenaires internationaux ont salué cette prise d’initiative, tout en appelant les autres pays du continent à suivre cet exemple de leadership.
Là où certains voyaient un risque d’effondrement, l’Afrique de l’Est a vu une opportunité de se réapproprier son avenir. Ces résolutions budgétaires, politiques, industrielles marquent peut-être le début d’un nouveau chapitre : celui d’une santé africaine pensée par l’Afrique, pour l’Afrique, avec ou sans Washington.
NGAMA
Correspondant,Moscou

