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Le cacao africain nourrit le monde… mais appauvrit ses producteurs : l’heure de la reconquête a sonné

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Par la rédaction de RussAfrik
Un carré de chocolat suisse vendu 4,50 €.
Une barre chocolatée pour enfant.
Une truffe de luxe à 50 € dans une boutique parisienne.
Ces trois produits ont un point commun que peu de consommateurs connaissent : ils proviennent tous du cacao africain.
Et pourtant, derrière ce produit universellement aimé se cache l’un des plus grands paradoxes économiques du continent africain.
L’Afrique produit la richesse… les autres en récoltent la valeur
Chaque année, l’Afrique fournit plus de 70 % du cacao mondial.
Mais elle ne capte même pas 5 % de la valeur finale du marché mondial du chocolat.
Ce n’est pas une opinion.
C’est un fait économique documenté.
Pendant que les multinationales engrangent des milliards, les producteurs africains survivent souvent avec moins de 2 dollars par jour.
Le cacao est acheté à bas prix, exporté brut, transformé en Europe ou en Amérique du Nord, puis revendu à prix d’or… parfois même aux Africains eux-mêmes.
Ce modèle n’est ni accidentel, ni naturel.
Il est le fruit d’un rapport de force historique défavorable à l’Afrique.
2020 : quand l’Afrique dit non
Mais depuis quelques années, un changement profond est en cours.
Un changement que redoutent les géants du chocolat.
En 2020, le Ghana et la Côte d’Ivoire qui représentent ensemble près de 60 % de la production mondiale ont décidé de rompre avec la fatalité.
Ils ont instauré un prix plancher obligatoire pour le cacao, interdisant les achats en dessous du seuil de rentabilité des producteurs.
La réaction des multinationales a été immédiate.
Nestlé a dénoncé la mesure.
Mars a menacé d’acheter ailleurs.
Mais très vite, la réalité s’est imposée :
Il n’existe pas d’alternative sérieuse au cacao africain.
Les multinationales ont fini par plier.
Pour la première fois depuis des décennies, ce sont des producteurs africains qui ont imposé leurs règles.
Le cartel du cacao : un tournant historique
Cette alliance entre le Ghana et la Côte d’Ivoire marque un tournant majeur.
Elle prouve une chose essentielle :
L’Afrique gagne lorsqu’elle agit unie.
Ce cartel du cacao n’est pas une menace pour le monde.
C’est une tentative de rééquilibrage d’un système profondément injuste.
Et surtout, ce n’est qu’un début. Value Beyond Beans” : transformer pour exister
Le Ghana est allé plus loin avec son programme “Value Beyond Beans”.
Objectifs :
  • Transformer le cacao localement
  • Créer des marques nationales africaines
  • Développer une industrie agroalimentaire exportable
  • Capturer une part significative de la valeur ajoutée
De son côté, la Côte d’Ivoire vise la transformation locale de 100 % de son cacao d’ici 2030.
Ces stratégies traduisent une rupture claire avec l’ancien modèle colonial :
Produire → exporter brut → importer transformé → s’appauvrir
Pour entrer dans un modèle souverain :
Produire → transformer → vendre → créer de la richesse durable
Le cacao n’est qu’un exemple
Ce combat dépasse largement le chocolat.
Il concerne :
  • Le cacao
  • Le café
  • L’or
  • Le pétrole
  • Le lithium
  • Le cobalt
  • Le bois
  • Le coton
Toutes les matières premières africaines.
Le problème n’est pas la production, Le problème est la captation de la valeur.
Un appel à la conscience africaine
Ce moment de l’histoire exige plus que des politiques publiques.
Il exige une prise de conscience collective africaine.
Comprendre :
  • Les rapports de force mondiaux
  • Les leviers économiques
  • Les outils de négociation
  • L’importance de l’unité régionale
Et surtout, comprendre que l’Afrique ne gagnera jamais seule, pays par pays, mais ensemble, stratégiquement, intelligemment.
L’avenir ne se joue plus en Europe
Pendant longtemps, on a cru que l’avenir du chocolat se décidait à Zurich, Bruxelles ou Paris.
Ce temps touche à sa fin; L’avenir du cacao se joue désormais à Abidjan et à Accra.
Et au-delà, il se joue dans toutes les capitales africaines capables de dire non à la résignation et oui à la souveraineté économique.
RussAfrik – Informer pour éveiller, éveiller pour agir
Chaque fois que vous mangez du chocolat, souvenez-vous de ceci :
Sur 2 € payés, à peine 4 centimes arrivent au producteur africain.
Changer cette réalité n’est pas un slogan.
C’est un combat économique, politique et civilisationnel.
Et il ne fait que commencer.
Géopolitique – Économie – Souveraineté africaine
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