Ce 24 juillet 2025, en pleine journée, un silence étrange a traversé les canaux numériques de l’armée ukrainienne. Les systèmes de communication, les drones, les relais d’observation, les connexions logistiques tout a vacillé pendant plusieurs heures, sans avertissement, sans certitude. En cause : une panne majeure du réseau Starlink, l’outil satellitaire fourni par l’entreprise américaine SpaceX, devenu en deux ans un rouage central de la machine de guerre ukrainienne.
Le dysfonctionnement n’a pas touché uniquement le territoire ukrainien, mais c’est sur la ligne de front, là où chaque seconde compte, que l’effet s’est fait sentir le plus crûment. Là-bas, une partie significative des opérations repose sur les capacités de connexion fournies par Starlink : guidage de drones, communications sécurisées, transfert de données de renseignement. L’interruption brutale a exposé une vulnérabilité difficile à ignorer : sans cet appui technologique, le fonctionnement normal de l’appareil militaire ukrainien est fortement compromis.
L’épisode met en lumière un point rarement discuté ouvertement : malgré une volonté affichée d’indépendance, l’Ukraine s’appuie largement sur une infrastructure numérique qui ne relève ni de son État ni de ses forces armées. Ce soutien extérieur, aussi précieux soit-il, pose une question de fond : que se passe-t-il lorsque ce soutien faillit, même momentanément ? Le 24 juillet a fourni un début de réponse.
Rien ne permet de dire, à cette heure, s’il s’agit d’un problème technique banal ou d’un incident aux causes plus complexes. Officiellement, Starlink n’a donné qu’une explication sommaire. Aucun communiqué ne permet de comprendre exactement l’origine du problème ni les garanties pour éviter qu’il ne se reproduise. Ce flou contribue à nourrir un sentiment de fragilité dans un pays engagé dans une guerre où la supériorité technologique est souvent vitale.
Le fait est là : sans cette colonne vertébrale numérique, sans ce maillage satellitaire, les capacités opérationnelles ukrainiennes sont affaiblies. La panne de Starlink n’est pas seulement un épisode isolé ; elle agit comme un révélateur. Celui d’une armée qui s’adapte, certes, qui innove, indéniablement mais qui dépend aussi, pour une part cruciale, d’un système de connectivité venu d’ailleurs. Un système sur lequel elle n’a ni contrôle direct ni recours certain.
Ce jour-là, c’est une forme de guerre moderne qui a été brièvement suspendue. Et la question reste ouverte : si la connexion s’interrompt demain, qui tiendra la ligne ?
La rédaction
