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Macron, Scholz, Tusk : les hauts et les bas des dirigeants européens en 2024

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Macron, Scholz, Tusk : les hauts et les bas des dirigeants européens en 2024

Au cours d’une année mouvementée, les électeurs européens ont envoyé une onde de choc. Qui en a tiré le meilleur parti pour asseoir son influence ?

L’année 2024 a été marquée par de multiples ondes de choc politiques, que certains dirigeants de l’UE ont su surmontées, pendant que d’autres étaient submergés.

Des élections en France et en Roumanie, la guerre en cours en Ukraine, une économie qui continue de décevoir et une victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine ont notamment fait l’actualité.

Certains politiciens ont réussi à utiliser cela à leur avantage, et à exercer une influence sur la machine bruxelloise – tandis que d’autres ont été laissés de côté.

Euronews se penche sur les gagnants et les perdants d’une année mouvementée.

1-   LES GAGNANTS

Donald Tusk : le “come back”

La Pologne, longtemps considérée comme l’enfant à problèmes de l’UE, est redevenue “tendance” sous la direction de Donald Tusk.

Membre éminent du Parti populaire européen (PPE), auquel appartient également la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, Donald Tusk est étroitement aligné avec Bruxelles sur la question clé de l’Ukraine. Il s’est également engagé à ramener son pays dans le giron de l’UE après que le parti Droit et Justice a créé un climat pesant avec ses réformes judiciaires.

L’une des premières actions de la nouvelle Commission, quelques jours seulement après son entrée en fonction, a été de donner son feu vert au projet controversé de Donald Tusk de suspendre les règles en matière d’asile et donc d’autoriser les refoulements de migrants.

Pedro Sánchez : influenceur à Bruxelles

Bien qu’il se situe de l’autre côté de l’échiquier politique, le Premier ministre espagnol, aux côtés de Donald Tusk, semble être l’un des dirigeants centristes les plus stables d’Europe.

Dans l’ensemble, les électeurs ont envoyé un message anti-establishment lors des élections européennes de juin, mais n’ont pas touché à sa délégation de 20 eurodéputés. Bien qu’elle soit au pouvoir depuis 2018, sa délégation reste l’une des plus grandes forces de l’influent groupe socialiste du Parlement.

Il a réussi à transformer cela en influence à Bruxelles. Alors que sa ministre des Finances, Nadia Calviño, a obtenu le poste le plus élevé à la Banque européenne d’investissement en 2023, il a également négocié l’un des portefeuilles les plus recherchés à la Commission européenne : Teresa Ribera contrôle désormais la politique antitrust et le programme climatique de l’UE.

Mario Draghi et Enrico Letta : une ombre au tableau

Ces deux anciens Premiers ministres italiens ne participent peut-être plus au Conseil européen, mais ils continuent de jeter une ombre sur les travaux de Bruxelles.

Cette année, ils ont tous deux publié des rapports influents déplorant le ralentissement de la croissance économique des Européens, à la traîne par rapport aux États-Unis, et proposant des mesures allant d’un nouveau fonds de subvention à un recul de la réglementation.

Ce message a été entendu haut et fort, intégré dans les descriptions de poste de chaque nouveau commissaire européen. La menace d’une aggravation des dommages économiques causés par les droits de douane annoncés par Donald Trump ne fait que renforcer ce message.

2. LES PERDANTS

Emmanuel Macron : la crise politique

Le président français a connu une année très compliquée à tous points de vue. Les élections européennes de juin ont vu ses rivaux d’extrême droite, le Rassemblement national (RN), faire une percée et remporter 30 sièges sur 81 ; les élections anticipées qu’il a ensuite convoquées ont également entraîné la perte de sa majorité centriste à l’Assemblée nationale.

Une première tentative de formation d’un gouvernement, sous la direction de l’ancien commissaire européen de centre-droit Michel Barnier, a échoué alors qu’il tentait de trouver un consensus sur un budget 2025. Il n’est pas certain que son successeur, François Bayrou, s’en sorte mieux, bien que Paris soit sous la pression de Bruxelles pour réduire l’un des déficits les plus élevés de la zone euro.

Autrefois considéré comme l’un des dirigeants les plus forts et les plus pro-européens de l’UE, Emmanuel Macron semble aujourd’hui promis à un rôle moins important.

Olaf Scholz : feu rouge pour la coalition

Le chancelier allemand a pris les commandes en 2021, après une longue période de relative stabilité sous Angela Merkel, dont il avait été le ministre des Finances.

Mais les fractures au sein de sa coalition – composée de son propre parti socialiste (SPD), des Verts et du parti libéral FDP – se sont avérées difficiles à gérer et ont souvent fait des ricochets à Bruxelles.

L’Allemagne est traditionnellement considérée comme le moteur de l’Union européenne.

Mais les volte-face répétées sur la législation européenne – principalement dues à la frilosité du FDP sur des questions telles que l’élimination progressive des voitures à essence et le devoir de vigilance des entreprises – ont amené certains à conclure que le plus grand membre de l’Union n’était plus un partenaire fiable.

Les tensions internes sont apparues au grand jour en novembre. Suite d’un différend sur la politique fiscale, Olaf Scholz a renvoyé son ministre des Finances libéral, mettant fin à la coalition. Des élections anticipées auront lieu en février.

Klaus Iohannis : la vacance du pouvoir

Pour le président roumain, le problème n’est pas tant qu’il ait dû se retirer – il a atteint sa limite de deux mandats de cinq ans – que le manque de clarté quant à la suite des événements.

Le premier tour de l’élection présidentielle de novembre a vu la victoire surprise du nationaliste d’extrême droite Călin Georgescu.

La Cour suprême du pays a annulé les résultats, invoquant une ingérence étrangère, et l’élection devra être renouvelée, ce qui obligera Iohannis à rassurer sur la stabilité de son pays.

Les projets d’avenir de Klaus Iohannis semblent tout aussi obscurs. Pressenti à un moment donné pour occuper un poste à la tête de l’Union européenne, il s’est également porté candidat à l’OTAN, mais il a été battu par Mark Rutte.

Mark Rutte : l’art du rebond

On peut dire que Mark Rutte a connu une année mitigée. En juillet, le libéral a dû quitter son poste après 14 années en tant que Premier ministre néerlandais. Son parti a ensuite formé une coalition fragile avec le Parti de la liberté de Geert Wilders, brisant ainsi les tabous qui entouraient les alliances avec l’extrême droite.

Peu de temps après, il a pris les rênes de l’OTAN : une nomination prestigieuse, mais peut-être aussi un cadeau empoisonné, alors que l’alliance militaire transatlantique navigue en eaux troubles.

L’OTAN a été renforcée par l’arrivée de nouveaux membres, la Finlande et la Suède, et son objectif défensif n’a peut-être jamais été aussi important alors que la Russie s’oriente vers une économie de guerre.

Mais elle pourrait aussi se retrouver sous la ligne de flottaison de son plus grand membre, Donald Trump menaçant de lui retirer son soutien militaire.

Viktor Orbán : le trublion

Le dirigeant hongrois n’est pas du goût de Bruxelles.

Sa présidence tournante du Conseil de l’UE, qui est normalement une vitrine précieuse, a suscité des protestations et un boycott, après qu’il se soit rendu à Moscou et à Pékin en prétendant représenter l’Union.

Les tribunaux luxembourgeois lui ont infligé une amende d’un million d’euros par jour pour ne pas avoir appliqué les lois sur l’asile ; il a perdu son principal allié après le changement de gouvernement à Varsovie et est suivi de près dans les sondages par son ancien allié Péter Magyar.

Il a malgré tout joué son rôle à Bruxelles. Son droit de veto – fréquemment exercé – sur la politique ukrainienne ne lui a pas valu beaucoup d’amis, mais lui a incontestablement donné de l’influence.

Après des années dans le désert qui ont suivi son éviction du PPE, il a également réussi à forger un groupe d’extrême droite aux côtés du Rassemblement national de Marine Le Pen ; avec 86 eurodéputés, le groupe des Patriotes pour l’Europe est le troisième plus important du Parlement. Une confluence probable de points de vue avec une future administration Trump pourrait contribuer à étendre encore davantage son influence.

Keir Starmer : améliorer les relations avec l’UE

Lors des élections de juillet, Keir Starmer, homme de centre-gauche, a remporté la victoire au Royaume-Uni en promettant d’améliorer les relations économiques et sécuritaires avec l’UE.

Après des années de querelles autour d’un accord de Brexit que Boris Johnson, alors Premier ministre, s’est ensuite immédiatement employé à rompre, on peut dire que les relations du Royaume-Uni avec Bruxelles sont si basses qu’elles ne peuvent que s’améliorer.

Alors que l’Europe fait face à ses nombreux défis en matière de défense et d’économie, l’idée de resserrer les liens avec une puissance nucléaire et un partenaire commercial important devrait, en théorie, trouver un écho à Bruxelles.

Mais Keir Starmer a déclaré qu’il ne rejoindrait pas le marché unique de l’Union européenne, et les mesures qu’il a prises jusqu’à présent – y compris une réunion en octobre avec Ursula von der Leyen – ont été prudentes.

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