

En l’espace de quelques heures, les marchés ont décroché, plusieurs capitales ont activé leurs cellules diplomatiques, et les entreprises commencent à chiffrer les dégâts. Ce climat de tension trouve sa source dans une décision américaine qui redistribue brutalement les cartes du commerce mondial.
Les marchés financiers ont vacillé ce 1er août 2025, plombés par une vague d’incertitude commerciale qui s’est abattue à l’échelle mondiale. Le Dow Jones a enregistré une baisse de 1,6 %, les places européennes ont reculé prudemment, et le titre Amazon a plongé de 7 %, lourdement pénalisé par ses dépendances logistiques avec l’Asie. À New Delhi, Ottawa et Taipei, des réunions ministérielles d’urgence ont été convoquées. À Brasilia, le gouvernement parle d’un “coup dur inattendu”. À Séoul, l’heure est à la prudence, mais l’irritation est palpable. Ce climat de crispation trouve son origine dans une décision tombée quelques heures plus tôt à Washington : la mise en vigueur d’une nouvelle série de tarifs douaniers décidée par le président Donald Trump.
Ces mesures concernent les importations en provenance de plusieurs pays-clés : le Canada, le Brésil, l’Inde, Taïwan, la Corée du Sud, ainsi qu’un ensemble d’États asiatiques fortement intégrés aux chaînes de production américaines. Les droits de douane appliqués atteignent entre 25 % et 41 %, avec une sévérité particulière sur les produits électroniques, agricoles et industriels. Selon la Maison-Blanche, ces ajustements sont justifiés par la volonté de “restaurer la justice commerciale” et de freiner un déficit extérieur jugé nocif pour l’économie américaine. Donald Trump, fidèle à son approche protectionniste, a déclaré que ces hausses tarifaires marquent “une étape cruciale pour protéger les travailleurs américains”.
Mais si la logique affichée est celle de la souveraineté économique, le prix de cette stratégie se fait déjà sentir à l’échelle planétaire. Les entreprises américaines fortement dépendantes des composants importés redoutent des hausses de coûts et des ralentissements dans la chaîne d’approvisionnement. Dans les pays visés, l’incompréhension domine, avec des partenaires qui, jusqu’ici, se considéraient comme stratégiques pour Washington. Plusieurs analystes estiment que cette décision pourrait relancer une forme de guerre commerciale rampante, dans un contexte où l’économie mondiale peine déjà à retrouver un rythme stable.
Dans un climat international tendu, cette annonce est venue rappeler combien les choix économiques américains peuvent encore redessiner, à eux seuls, l’équilibre fragile du commerce mondial. Pour l’heure, aucune contre-mesure n’a été officiellement adoptée par les pays ciblés, mais beaucoup parlent en coulisses de représailles calibrées. Le président Trump, lui, assume pleinement cette montée de ton commerciale, affirmant vouloir aller “jusqu’au bout” pour imposer ce qu’il appelle un “réveil industriel américain”.
Gérard Stéphane, correspondant zone Europe

