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Mathias Imbach, CEO Sygnum Bank : “Aujourd’hui, les cryptos prouvent qu’elles sont une classe d’actifs à part entière”

Mathias Imbach, CEO Sygnum Bank
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Mathias Imbach, CEO Sygnum Bank : “Aujourd’hui, les cryptos prouvent qu’elles sont une classe d’actifs à part entière”
Mathias Imbach, CEO Sygnum Bank
Lancée en 2018, Sygnum Bank avance ses pions pour devenir la banque de référence mondiale dans l’univers des cryptos: licence bancaire suisse, licence singapourienne de Capital Market Services, partenariat avec Deutsche Börse en 2019, nouvelle levée de fonds de Series B début 2022… Le groupe bicéphale, avec un siège social à Zurich et un à Singapour, a plus que doublé ses actifs sous gestion en 2021 pour afficher aujourd’hui 2 milliards de dollars et plus de 1’100 clients professionnels et institutionnels. La crise actuelle de l’industrie? Mathias Imbach y voit la preuve de la confirmation que c’est une classe d’actifs à part entière appelée à un grand avenir, que la banque qu’il a créée écrira. Entretien avec Mathias Imbach, cofondateur et CEO de Sygnum Bank.
Qu’est-ce qui différencie Sygnum d’une banque traditionnelle ?
Le fait que Sygnum soit active dans le domaine des actifs cryptos ne l’exonère en rien des obligations et devoirs d’une banque enregistrée en Suisse. Concrètement, nous sommes sous l’autorité de la Finma et remplissons les mêmes conditions de fonds propres, de compliance et de gouvernance que toute banque helvétique. Précisons que les comptes de nos clients sont ségrégués des actifs de la banque. Le client n’a donc par de risque de contrepartie vis-à-vis de Sygnum. Cela nous différencie de bon nombre de courtiers et de plateformes d’échange dans le domaine des cryptos. La principale différence réside dans notre technologie stack: nous pouvons tirer parti des avantages d’une blockchain publique comme Ethereum par exemple pour permettre le règlement quasi instantané des transactions. Nous sommes également «cloud first» et tirons parti des dernières technologies pour créer de la valeur pour nos clients. Dans ce sens, nous pouvons être considérés comme un groupe technologique spécialisé dans les assets digitaux adossé à sa propre banque.
Vous proposez donc les mêmes services qu’une banque traditionnelles à ses clients ?
Les plus de 1’100 clients de Sygnum, institutionnels ou clients accrédités des banques, ont accès à une gamme de services de corporate banking, à des comptes (fiat) et de conservation de titres (cryptomonnaies, stablecoins, jetons), à du trading 24h/24 et 7j/7, à des crédits Lombard avec collatéraux cryptos ou à une gamme de produits d’asset management et de services de tokenisation incluant un marché secondaire régulé. Certains de nos produits sont cotés sur le SIX Swiss Exchange et en Allemagne. Nous avons également développé la plateforme «BtoB banking», qui permet à une dizaine de banques partenaires de proposer à leurs propres clients nos services, donc une solution pour ceux qui désirent diversifier leur portefeuille an ajoutant des actifs crpytos.
Nos clients sont des professionnels aussi bien des banques que des gestionnaires de fortune et des gérants d’actifs cryptos, des family offices ou des fondateurs des principales fondations crypto. Ils bénéficient non seulement de toute la palette des avantages d’une banque traditionnelle appliqués au domaine des actifs cryptos – comme des exigences de capitaux protégeant les actifs des clients, des services régulés, un niveau de sécurité «bank-grade» ou une gouvernance de qualité, mais également l’accès en primeur à de nouveaux produits innovants et aux marchés DEFI – que vous pouvez attendre d’un groupe technologique spécialiste des assets digitaux.
Genève offre un vivier riche de partenaires potentiels pour Sygnum.
Qu’est-ce qui vous différencie précisément de ces acteurs, banques et plateformes, actives dans le domaine des actifs cryptos ?
Très peu d’entre elles sont réglementées, n’offrent donc pas les garanties nécessaires pour convaincre des professionnels de la finance, encore moins des investisseurs institutionnels, en particulier dans le domaine de la gestion des risques et de la compliance. Elles ne mobilisent par ailleurs pas les mêmes ressources que nous pour remplir une mission qui nous tient particulièrement à cœur d’éducation à travers la mise à disposition de supports élaborés par nos équipes de recherche.
Il n’y a guère que SEBA, une autre banque suisse – ce n’est pas par hasard, la Suisse offrant le meilleur environnement pour le développement de l’industrie des actifs cryptos – qui soit plus ou moins comparable à Sygnum, c’est-à-dire présentant à la fois une licence bancaire, un profil international et un modèle vertical intégré.
Quid des banques traditionnelles, pensez-vous qu’elles puissent devenir des concurrents ?
Certaines peut-être, les plus grosses banques privées notamment, qui préfèreront développer leur propre plateforme pour leurs clients. Elles sont aujourd’hui freinées dans cette ambition, parfois réelle, par des conseils d’administration réticents, fossé générationnel oblige. Les plus petites banques, desquelles nous sommes déjà proches, choisiront le partenariat, Genève offre un vivier riche de partenaires potentiels pour Sygnum.
Le marché des actifs cryptos s’est effondré ces dernières semaines, pourtant vos AuM ont continué de croître, comment l’expliquez-vous?
C’est la force de notre modèle d’affaire, qui repose sur une grande diversité de sources de revenues. Concrètement, la période récente, le mois de mai en particulier, a vu l’activité de trading battre tous les records précédents, ce qui nous a permis de plus que compenser la perte causée par la chute des cours des principaux jetons, BTC et ETH.
Que répondez-vous à ceux, ou celles, qui enterrent les cryptos, au titre que ce sont des actifs purement spéculatifs et non pérennes?
On peut déplorer que ces voies critiques aient souvent peu d’arguments pour étayer leur thèse, sans quoi je les respecterais. S’il s’agit de s’appuyer sur la crise actuelle, il me semble juste de la mettre en perspective d’une crise générale des actifs risqués, et non propre aux cryptos. Je pense au contraire que les cryptos sont devenues beaucoup plus résilientes au cours de la dernière décennie. Autrement dit, si cette crise était survenue en 2012, lorsque je suis entrée dans cette industrie naissante, je ne suis pas certain qu’elle aurait résister. Aujourd’hui, les cryptos prouvent qu’elles sont une classe d’actifs à part entière, touchées comme toutes les autres par les réponses des banques centrales aux tensions inflationnistes.
Comment voyez-vous Sygnum dans cette industrie ?
Notre positionnement fondé sur une double identité, suisse et singapourienne, nous prédispose à devenir un leader mondial. Fort de notre licence suisse, nous sommes très bien placés pour servir l’Europe, alors que notre licence de CMS (Capital Markets Services) singapourienne, récemment étendue à de nouvelles activités (notamment de conseil en corporate finance et de fourniture de comptes et de solutions de trading à des investisseurs institutionnels) nous met en position privilégiée pour servir les marchés asiatiques.
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