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Nigeria : vers une fermeture totale des frontières pour contrer les jihadistes ?

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Le général Christopher Musa, chef d’état-major des forces armées nigérianes, a proposé ce mercredi 4 juin la fermeture complète des frontières terrestres du Nigeria avec ses voisins. Une mesure exceptionnelle, sans précédent à ce niveau de commandement, qui vise à freiner les incursions jihadistes responsables d’une insurrection meurtrière dans le nord-est du pays depuis plus de 16 ans.

jihadistes

Cette déclaration marque la première prise de position publique d’un haut responsable militaire en faveur d’un verrouillage territorial total. Pour le général Musa, la porosité des frontières est devenue l’un des principaux talons d’Achille dans la lutte contre les groupes armés comme Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), qui exploitent ces failles pour se déplacer, se ravitailler et se replier.

Le nord-est du Nigeria, en particulier les États de Borno, Yobe et Adamawa, reste le théâtre d’un conflit endémique qui a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé des millions de personnes depuis 2009. Malgré les efforts militaires, les groupes jihadistes parviennent encore à mener des attaques éclairs, souvent facilitées par la proximité de frontières peu surveillées avec le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin.

Concrètement, la fermeture envisagée impliquerait un déploiement massif de troupes aux postes-frontières, l’interruption du trafic routier et commercial transfrontalier, et l’utilisation renforcée de technologies de surveillance. Si cette stratégie est mise en œuvre de manière  coordonnée , elle pourrait générer plusieurs bienfaits majeurs.

D’abord, elle pourrait freiner de manière significative les déplacements des groupes armés en coupant leurs routes logistiques, compliquant ainsi leur réapprovisionnement et leurs manœuvres. Ensuite, cette mesure permettrait de renforcer le contrôle de l’État sur des zones frontalières longtemps négligées, en y réaffirmant la souveraineté nationale par une présence militaire continue.

Sur le plan stratégique, une telle décision enverrait un message fort à la fois à l’opinion publique et aux partenaires internationaux : le Nigeria entend reprendre l’initiative face à une menace qui dure depuis trop longtemps. Elle pourrait aussi avoir des effets positifs sur la lutte contre les trafics illicites, souvent liés aux mêmes réseaux que les groupes jihadistes, en perturbant leurs circuits logistiques.

Enfin, si la sécurité s’améliore dans les régions concernées, les populations locales pourraient bénéficier d’un climat plus stable, propice au retour des déplacés, à la relance économique locale et à la restauration progressive des services de base.

Une telle fermeture ne serait toutefois efficace que si elle s’accompagne d’un dialogue diplomatique étroit avec les pays voisins, d’un appui humanitaire pour les populations affectées, et de réformes profondes sur les plans économique et social. Mais en posant cette proposition sur la table, le général Musa lance un signal : face à une menace persistante, le temps des demi-mesures semble révolu.

Cependant, la dimension diplomatique est délicate. Si cette décision est prise unilatéralement, elle pourrait détériorer les relations régionales, notamment avec le Niger, , ou le Tchad. Elle risquerait également d’affaiblir la coopération militaire dans le cadre de la Force multinationale mixte (FMM), qui regroupe ces pays dans la lutte contre les groupes armés transnationaux.

Si elle venait à être mise en œuvre, cette fermeture totale marquerait un tournant stratégique majeur pour le Nigeria. Mais au-delà du symbole, c’est toute la stratégie nationale de sécurité qu’il faudra repenser pour qu’elle s’attaque aussi aux racines du jihadisme, et non seulement à ses symptômes.

 

NGAMA, Correspondant, Moscou

 

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