Sébastien Mort, maître de conférences en culture et société américaine à l’Université de Lorraine, souligne que la situation est plus délicate pour Kamala Harris. “Elle est entrée tardivement dans la course, et sa candidature, bien que symbolique, reste floue pour une grande partie de l’électorat. Selon un récent sondage, 28% des Américains estiment avoir encore besoin d’en savoir plus sur elle avant de se décider”, indique-t-il lundi dans l’émission de la RTS Tout un monde.
Et de renchérir: “Kamala Harris devra remplir la page blanche. Si elle laisse Donald Trump le faire, cela risque de la mettre en difficulté.”
Donald Trump, un “orateur compulsif”
Donald Trump, quant à lui, bénéficie de son omniprésence médiatique. L’ancien président reste une figure bien connue des électeurs, qui se sont déjà fait une opinion sur lui, explique Sébastien Mort.
Donald Trump aura l’expérience pour lui. Le tempétueux septuagénaire, ancien présentateur de téléréalité, participe à son septième débat télévisé et a marqué les Américains par certaines de ses prestations passées. A commencer par sa célèbre pique, adressée à Hillary Clinton en 2016, lors de laquelle il avait affirmé que la démocrate méritait d’être “en prison”.
Un débat possiblement décisif
Les études menées sur l’impact des débats présidentiels montrent que les électeurs les trouvent utiles, mais rarement décisifs, note Sébastien Mort. “Entre 1988 et 2016, six électeurs sur dix considéraient les débats comme informatifs, mais seule une petite minorité décidait réellement de son vote à ce moment-là.” En 2016, par exemple, seulement 10% des personnes interrogées ont déclaré avoir finalisé leur choix après avoir regardé les débats.
“Traditionnellement, les opinions des électeurs sont déjà formées bien avant les conventions estivales, fait savoir Sébastien Mort. Cependant, cette année, la situation est différente, car Kamala Harris est entrée dans la course tardivement, plus d’un an et demi après ce qui est habituellement la norme. Cela fait de l’élection de 2024 un cas particulier, où les débats pourraient avoir un impact plus significatif sur le choix des électeurs. En effet, 5% des électeurs se déclarent encore indécis dans cette élection très serrée.”