Russie : Malgré les sanctions, Rosatom domine le marché mondial du nucléaire civil
Trente-huit ans après la catastrophe de Tchernobyl, qui aurait pu prédire qu’autant de pays voudraient confier leurs centrales atomiques à Moscou? Avant l’invasion de l’Ukraine de février 2022, la Russie était impliquée dans la moitié des contrats liés au nucléaire civil dans le monde. En comparaison, la Chine, la France, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis ne représentaient que 40% du marché en cumulé.
Deux ans plus tard, l’entreprise publique Rosatom, spécialiste russe de l’énergie nucléaire, reste impliquée dans plus d’un tiers des projets nucléaires sur la planète, notamment en Chine, en Inde, en Iran et en Égypte. Rosatom a également signé une vingtaine de protocoles d’entente, notamment avec le Zimbabwe, le Mali, le Burkina Faso et le Brésil, ainsi que sur le développement d’un mini-réacteur nucléaire (SMR) avec l’Ouzbékistan, relate le quotidien britannique Financial Times.
Il faut dire que le secteur nucléaire russe, contrairement au pétrole et au gaz –longtemps la principale arme économique de Vladimir Poutine– a jusqu’ici échappé aux sanctions internationales. Les États-Unis, la France, le Japon, le Canada et le Royaume-Uni ont bien formé une alliance baptisée «Sapporo 5» pour évincer la Russie du marché, mais restent partiellement dépendants de l’uranium russe (27,7% du marché mondial).
Au cours des dix dernières années, Rosatom a plus que doublé son chiffre d’affaires à l’étranger, qui a atteint 16,2 milliards de dollars en 2023. D’ici à 2030, son chiffre d’affaires total pourrait même atteindre 56 milliards de dollars. En raison des coûts faramineux de son activité, l’entreprise ne dégage en revanche qu’un très faible bénéfice de 2 à 3 millions de dollars par an.