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Sommet USA–Afrique : Trump félicite Boakai pour son anglais et relance un débat historique

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Le 09 juillet  2025, lors d’un déjeuner officiel à la Maison-Blanche en marge d’un sommet spécial Afrique – Etats-Unis , Donald Trump s’est tourné vers Joseph Boakai, président du Liberia, pour le féliciter : « Vous avez un excellent anglais. Où l’avez-vous appris ? » La scène, captée par les caméras, a surpris plus d’un. Le Liberia est un pays dont l’anglais est la langue officielle depuis sa fondation. Et pour cause : cette nation ouest-africaine a été créée au XIXe siècle par d’anciens esclaves affranchis venus des États-Unis.


À première vue, on aurait pu croire à une gaffe classique, un moment d’ignorance comme il en arrive dans la diplomatie. Mais le regard de Trump, son ton, et le contexte dans lequel ces mots ont été prononcés laissent penser qu’il s’agissait de tout sauf d’un oubli. Car poser cette question à un président libérien, ce n’est pas ignorer l’Histoire. C’est l’utiliser.

Trump n’a pas oublié d’où vient le Liberia. Ce qu’il a fait, c’est rappeler à Boakai d’où lui vient. Et plus encore : rappeler à ce pays entier ce qu’il doit aux États-Unis. Ce compliment, glissé comme une remarque anodine, n’en est pas un. C’est un rappel d’ascendance, une manière habilement formulée de dire : Tu parles bien, parce que nous t’avons appris à parler. Tu gouvernes, parce que nous avons fondé ton pays. Tu es ici, parce que nous t’avons permis d’exister.

C’est ainsi que Trump fonctionne : en réactivant, sans le dire frontalement, une logique de domination ancienne, ancrée, presque structurelle. L’Afrique ne peut être qu’une élève, un prolongement, jamais un égal. Même quand elle parle « parfaitement anglais ». Même quand elle a bâti ses propres institutions. Même quand elle siège à la table.

En demandant à un président africain anglophone pourquoi il parle anglais, Trump ne montre pas de la surprise. Il marque un territoire. Il redessine une hiérarchie. Il transforme la diplomatie en un terrain de rappel historique, où l’Amérique reste le centre, le modèle, la source.

Ce n’est pas seulement le Liberia qu’il visait. C’est tout un continent qu’il remet en place, d’une phrase bien choisie, d’un ton presque banal. Et c’est ainsi que les vieilles logiques impériales s’expriment aujourd’hui : sans soldats, sans chaînes, sans conquête. Juste avec des mots.

La rédaction

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