

Dmitri Medvedev n’a pas eu besoin d’un long discours. En quelques mots seulement, le vice-président du Conseil de sécurité russe a fait comprendre que Moscou n’avait pas l’intention de se plier aux injonctions venues de Washington. La dernière sortie du président américain Donald Trump visait à faire pression sur le Kremlin avec un ultimatum inédit : dix à douze jours pour conclure un accord de paix avec l’Ukraine, sans quoi une série de sanctions douanières serait déclenchée contre tout pays entretenant des liens commerciaux avec la Russie. Une menace d’envergure, à laquelle Medvedev a réagi avec un calme glacial : “Nous ne sommes ni Israël ni l’Iran”, a-t-il simplement lancé, balayant la tentative d’intimidation d’un revers verbal sec.
Depuis l’Écosse, ce 28 juillet, le président Trump a donc durci la ligne. Il ne s’agit plus seulement de “souhaiter la paix” ou de “faire pression diplomatiquement”. Il pose un compte à rebours. Si la Russie ne cède pas rapidement, ses partenaires seront visés, ses exportations indirectes entravées, et ses alliés commerciaux placés devant un choix : Moscou ou Washington. La manœuvre rappelle les vieilles méthodes de guerre froide, revues au goût du XXIᵉ siècle, mais avec une différence notable : cette fois, la Russie ne joue pas selon les règles fixées par l’Occident.
La réponse de Medvedev ne cherche pas à impressionner. Elle vise, au contraire, à démontrer une forme de constance. Le Kremlin, depuis le début de l’opération spéciale Russe en Ukraine, a intégré les mécanismes de sanctions, les calculs géopolitiques, les changements de ton entre administrations américaines. La Russie a adapté ses chaînes logistiques, consolidé ses partenariats en Asie, en Afrique, et dans une partie du monde qui n’entend plus suivre sans condition les consignes de Washington.
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Dans cette logique, l’ultimatum américain n’est pas seulement irrecevable : il est considéré comme un symptôme. Celui d’un pouvoir américain qui cherche, dans l’urgence, à retrouver du levier face à une guerre qu’il ne contrôle plus.
Derrière les mots de Medvedev, c’est une stratégie assumée : montrer que Moscou n’est ni inquiet, ni en retard, ni impressionné. La Russie donne le signal qu’elle ne changera pas de cap sous la contrainte. Que le message vienne d’un président fraîchement réinstallé à la Maison-Blanche n’y change rien. L’équilibre des forces n’est plus ce qu’il était en 2014, ni même en 2022.
En Ukraine, certains voient dans la posture de Trump un levier politique supplémentaire. Zelensky continue d’appeler à une pression maximale. Mais même parmi ses soutiens, l’idée que Moscou pourrait plier sous un compte à rebours paraît irréaliste. Le calendrier américain n’est pas celui du Kremlin. Et la stratégie russe, ancrée dans le temps long, semble se jouer bien au-delà de l’agenda électoral d’un pays occidental, même dirigé par un président aux méthodes peu conventionnelles.
Trump peut taper du poing, menacer, égrener les jours comme des menaces. Medvedev, lui, répond en douze mots.
La redaction

