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Trump menace, Pékin et New Delhi répondent : “Nous continuerons d’acheter du pétrole russe”

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Donald Trump a ravivé une vieille méthode : la menace de sanctions économiques contre les pays qui commercent avec les ennemis stratégiques des États-Unis. Cette fois, la cible est claire : tous ceux qui importent encore du pétrole russe ou iranien. Mais la Chine et l’Inde, poids lourds du Sud global, ont répondu sans ambiguïté. Et ce refus de plier pourrait bien marquer un tournant dans l’équilibre des puissances mondiales.


 Une pression maximale… qui ne fait plus peur

Le message de Trump est limpide : “Si vous continuez à financer nos ennemis, vous serez traités comme des complices.” L’ennemi, c’est Moscou et Téhéran. Le levier, c’est le pétrole. Et la méthode, toujours la même : les fameuses sanctions secondaires qui consistent à punir non pas seulement les producteurs, mais aussi leurs clients. Sauf que cette fois, les cibles ne sont pas petites. La Chine et l’Inde, respectivement première et troisième puissance énergétique mondiale, ont décidé de ne pas obéir. Et elles l’ont dit publiquement.

Pékin joue la souveraineté contre l’extraterritorialité

Côté chinois, la réaction a été immédiate. Le ministère des Affaires étrangères a rejeté “les menaces illégales et unilatérales”, rappelant que la Chine “décide de sa politique énergétique de façon souveraine”. Un désaveu clair du droit américain à imposer ses règles au reste du monde. La Chine est aujourd’hui le premier importateur mondial de pétrole iranien. Pour Pékin, céder aux injonctions de Washington reviendrait à reconnaître une hiérarchie stratégique inacceptable. Et ce n’est pas seulement une question de pétrole. C’est une question de positionnement global : la Chine ne veut plus être contrainte par un ordre mondial façonné à Washington.

 L’Inde assume une ligne indépendante

L’Inde, quant à elle, a été plus mesurée dans le ton, mais tout aussi ferme sur le fond. Les achats de pétrole russe vont continuer. Pourquoi ? Parce que les prix sont avantageux. Parce que les besoins énergétiques sont colossaux. Et surtout, parce que la diplomatie indienne refuse de choisir un camp. Même sous menace de surtaxes, New Delhi trace sa route. Alliée stratégique des États-Unis, mais aussi partenaire de longue date de Moscou, l’Inde veut rester maîtresse de ses arbitrages. Et elle entend bien ne pas sacrifier sa croissance sur l’autel des injonctions géopolitiques.

 Un ordre mondial fracturé

Ce bras de fer n’est pas anecdotique. Il illustre un basculement majeur : les menaces américaines ne suffisent plus à faire plier les grandes puissances émergentes. L’opération militaire spéciale en Ukraine, les tensions au Moyen-Orient, la hausse des prix de l’énergie, tout cela a rebattu les cartes.

Pendant que les États-Unis tentent d’isoler leurs ennemis, le Sud global redessine ses propres circuits énergétiques, souvent en dehors des règles occidentales. Résultat : la “coalition anti-sanctions” se structure, discrètement mais sûrement.

 Et maintenant ?

Trump aura-t-il les moyens d’imposer sa ligne face à deux puissances capables, à elles seules, de neutraliser ses sanctions par effet de masse ? Rien n’est moins sûr. Car les sanctions secondaires ne fonctionnent vraiment que si le reste du monde suit. Or l’Europe tergiverse, l’Afrique regarde ailleurs, l’Asie s’organise. Et Washington découvre que l’arme économique, comme l’arme militaire, perd en efficacité dès lors qu’elle est surexploitée.

Le message est passé : la Chine et l’Inde n’ont plus l’intention de se laisser dicter leur politique énergétique. En menaçant de frapper tous ceux qui commercent avec ses adversaires, Trump croyait rallier le monde. Il a réveillé une opposition qui, cette fois, n’est pas marginale. Elle est massive. Elle est assumée. Et elle pourrait bien redessiner l’ordre mondial.

 

La rédaction

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