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Visa Schengen : Un business lucratif sur le dos de l’Afrique

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Chaque année, des millions d’Africains rêvent de voyager en Europe : pour des raisons familiales, professionnelles, médicales ou éducatives. Mais entre rêve et réalité se dresse un mur administratif : le visa Schengen. Derrière ce document se cache un business tentaculaire, qui rapporte des dizaines de millions d’euros à l’Union européenne… sans garantie de service. Car même lorsque le visa est refusé, les frais de dossier  entre 80 et 90 €  restent non remboursés.

 

 L’Afrique paie pour être tenue à l’écart

Les chiffres qui dérangent :
• En 2023, les demandeurs africains ont déboursé 56 à 60 millions d’euros pour des visas qui ont été refusés.
42 % des revenus issus de refus de visas Schengen proviennent du continent africain.
• En moyenne, dans les pays africains les plus touchés, seul 1 demandeur sur 10 obtient le précieux sésame.
• Au Comores, près de 6 demandes sur 10 sont rejetées (taux de refus : 61,3 %).

• Sur 10 000 demandeurs africains, environ 4 000 à 5 000 sont refusés.
• Cela représente entre 360 000 et 450 000 euros perdus par les candidats, sans aucun remboursement, ni explication claire.

 Derrière l’administration : un marché mafieux ?

Il faut le dire clairement : le système actuel du visa Schengen fonctionne comme une machine à cash. L’Union européenne, tout en promouvant la liberté et les droits humains, a mis en place un système bureaucratique verrouillé, opaque et discriminatoire, qui fonctionne à sens unique :
•  Des frais de traitement encaissés même en cas de refus
•  Une absence de recours réel en cas de rejet
•  Aucune transparence sur les critères de sélection
Chaque visa refusé, c’est de l’argent en poche, sans obligation de fournir un service. Et plus le nombre de refus est élevé, plus les gains le sont aussi. Qui a intérêt à accorder plus de visas quand chaque refus rapporte ?

Deux poids, deux mesures

Un ressortissant d’Allemagne peut se rendre dans 42 pays africains sans visa, ou avec un visa délivré à l’arrivée. En revanche, un Malien, un Nigérian ou un Sénégalais doit franchir un parcours du combattant administratif, pour espérer… un refus.

Et pourtant :
• Les Africains déposent deux fois moins de demandes que les Asiatiques.
• Mais ils sont deux fois plus souvent refusés.

Ce n’est pas un hasard. C’est un système conçu pour exclure, tout en encaissant des revenus issus de l’exclusion.

 Une “rente du refus”

Ce que dénoncent des chercheurs comme Marta Foresti du LAGO Collective, c’est cette logique :

“Les pays les plus pauvres paient les plus riches pour qu’on les tienne à l’écart.”

 Une voix politique s’élève en Afrique

Nourane Foster
Député du PCRN

Au Cameroun, la députée Nourane Foster s’est insurgée contre ce qu’elle qualifie de “commerce du désespoir”, révélant que ses compatriotes perdent plus de 100 milliards de FCFA chaque année à cause des refus de visas.

C’est ce qu’on appelle une “reverse remittance” : au lieu que l’argent aille des pays riches vers les pays pauvres (aide, investissement…), ce sont les pays pauvres qui alimentent les caisses des pays riches par la voie des refus.

 Appels à la réforme : vers plus de transparence ?

Aujourd’hui, plusieurs ONG et experts demandent une refonte totale du système :
• Suppression des frais en cas de refus.
• Mise en place de critères clairs et publics.
• Création d’un droit de recours effectif.
• Audit indépendant des taux de refus, pour identifier les discriminations systémiques.

Mais tant que les refus restent rentables, qui aura intérêt à changer le système ?

 

La rédaction

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