Afrique : A Goma, Rwandais et Congolais sont piégés par le chaos des combats
Après une nuit relativement calme, les habitants et habitantes de plusieurs quartiers de Goma ont signalé des tirs d’armes légères et de fortes explosions, en particulier près de l’aéroport, qui, selon certaines sources, est toujours sous le contrôle des forces de maintien de la paix des Nations unies et des troupes gouvernementales.
Les tensions au nord-est de la RDC ont vécu un tournant ce week-end. Les combattants du groupe armé M23, soutenu par l’armée rwandaise, ont pénétré dimanche dans plusieurs quartiers de Goma, carrefour stratégique de toute la région des Grands Lacs où les combats contre l’armée régulière congolaise ont déjà fait 17 morts et près de 370 blessés.
Réuni dimanche soir, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné un “mépris éhonté” de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC et mis en garde contre un risque de “carnage”.
Située à quelques mètres de l’autre côté de la frontière, la ville de Gisenyi fait partie de la même agglomération que Goma et sa population est aussi touchée par la guerre. Plusieurs bombes sont tombées sur la ville lundi, tuant cinq civils, selon l’armée rwandaise. Autour des habitations, les bruits de tirs ne s’arrêtent pas.
“On dit aux enfants de rester à l’intérieur de la maison, mais ils demandent toujours ce que c’est… Ils ne sont pas allés à l’école, et ils sont inquiets”, raconte Antoinette, mère de trois enfants, au micro de La Matinale mardi.
Solidarité de voisinage
Dans son quartier, les personnes qui habitent seules se réfugient chez des voisins. “Seul, je ne peux pas avoir toutes les informations. Ici, au moins je saurai si ça dégénère et on sait où on va partir avec les autres”, témoigne Christian, résident congolais de Gisenyi. “Je me sens un peu en paix et en sécurité ici, parce qu’au moins, nous sommes ensemble.”
Comme beaucoup d’habitants de l’agglomération transfrontalière, Christian s’inquiète aussi pour ses proches à Goma. “Je me demande dans quelle situation ils sont maintenant. Tout ce qu’ils disent, c’est: ‘On reste dans la maison, on reste ensemble, on se tient la main, on ne sait pas ce qui va arriver’.”
“Ça n’arrange pas l’humanité”
Des millions de civils se trouvent donc pris entre deux feux dans la région, déstabilisée par des conflits armés depuis la fin du génocide rwandais en 1994. Dans le chaos de Goma, la situation humanitaire ne fait qu’empirer. “Il y a toujours des crépitements de balles”, témoigne le musicien et slameur Steve Mundo, installé dans cette grande ville au nord du lac Kivu.
“Ça fait peur parce que c’est ma première grande ville et c’est une autre tension. Il y a toujours des ennemis qui proclament avoir conquis la ville […] Quand il y a des affrontements en ville, cela fait des victimes et ça n’arrange pas l’humanité.”