Dans une tribune au journal L’Opinion dimanche, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a dénoncé un “climat délétère” entre les deux pays, évoquant une “séparation qui pourrait devenir irréparable”. “Le dialogue politique est quasiment interrompu. Nous perdons du temps avec le président Macron”, a-t-il assené à propos du chef d’Etat français.

Si les relations entre Paris et Alger ont toujours été instables, le ton s’est envenimé depuis l’été passé. Ce regain de tensions a pour origine le Sahara occidental, un territoire au sud-ouest du Maroc, très riche en ressources naturelles et qui est aujourd’hui disputé.

L’Algérie y soutient le Front Polisario, un mouvement indépendantiste qui s’oppose au Maroc, pays avec lequel Alger entretient également des relations exécrables.

Une succession d’événements

En juillet de l’année passée, le président Emmanuel Macron a envoyé une lettre au roi du Maroc Mohammed VI officialisant le soutien de la France au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. L’Algérie, considérant cette annonce comme une trahison et un alignement de Paris sur Rabat, a alors rappelé son ambassadeur en France et gelé des projets économiques bilatéraux.

Quelques mois plus tard, le 16 novembre dernier, le romancier franco-algérien Boualem Sansal, notoirement critique du gouvernement algérien, souffrant de problèmes de santé, a été arrêté à l’aéroport d’Alger. Selon son avocat François Zimeray, ses écrits sont accusés de porter atteinte à la sécurité de l’Algérie.

Cette arrestation a provoqué un tollé en France. Les parlementaires et le monde de la littérature sont montés au front pour défendre l’écrivain. Après des tentatives diplomatiques infructueuses, Emmanuel Macron demande au gouvernement algérien de libérer Boualem Sansal, “détenu de manière totalement arbitraire”. “L’Algérie, que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et d’histoires, entre dans une histoire qui la déshonore à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est”, a déclaré le président français.

Puis, début janvier, la France a tenté d’expulser Boualem Naman, un influenceur algérien actif sur le réseau social TikTok sous le pseudonyme “Doualemn”, accusé d’incitation à la haine. A Alger, il a été refoulé par les autorités qui ont refusé de le prendre en charge et de le laisser entrer dans le pays. Une situation que le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé comme une “humiliation délibérée” infligée à la France, plaidant pour une plus grande fermeté face à l’Algérie.