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Accord UE–États-Unis : un deal historique ou un marché de dupes ?

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Accord UE–États-Unis : un deal historique ou un marché de dupes ?

L’Union européenne et les États-Unis ont annoncé, ce 27 juillet, un accord commercial d’une ampleur inédite, évitant in extremis une guerre tarifaire qui menaçait de faire dérailler l’économie transatlantique. À première vue, l’accord semble équilibré : réduction de tarifs douaniers, investissements massifs de l’UE aux États-Unis, et ouverture réciproque de marchés stratégiques. Mais sous la surface, ce deal ressemble moins à un partenariat gagnant-gagnant qu’à une reddition diplomatique orchestrée dans l’urgence.

Il faut replacer cet accord dans son contexte : les États-Unis menaçaient d’imposer, dès le 1er août, une hausse brutale des droits de douane (jusqu’à 30 %) sur la quasi-totalité des exportations européennes. Plutôt que de négocier d’égal à égal, l’UE a donc négocié… le couteau sous la gorge.

Le résultat ? Un tarif standardisé de 15 % sur les exportations européennes, certes inférieur aux menaces initiales, mais toujours très supérieur aux conditions antérieures. En parallèle, Washington n’a concédé aucune baisse sur les tarifs punitifs existants sur l’acier, l’aluminium ou le cuivre, se contentant de promettre un éventuel système de quotas. Pendant ce temps, les entreprises américaines bénéficient d’un accès en franchise de droits à l’un des marchés les plus riches du monde.

L’Europe s’est engagée à acheter 750 milliards de dollars d’énergie américaine en trois ans. Cela comprend du gaz naturel liquéfié, du pétrole, et même du combustible nucléaire. À cela s’ajoutent 600 milliards de dollars d’investissements européens directs aux États-Unis, dont une partie dans le secteur de la défense — ce qui équivaut, concrètement, à une relocalisation partielle de la puissance industrielle du continent.

À qui profite ce pacte ? À l’Amérique de Trump, bien sûr. Le président américain pourra exhiber l’accord comme preuve de sa puissance de négociation, à la veille de sa convention républicaine. Mais l’Europe ? Elle finance sa propre dépendance.

Dans les cercles politiques européens, la grogne monte. Emmanuel Macron, selon plusieurs sources diplomatiques, aurait qualifié l’accord de “Suez moment” pour l’Europe — une référence amère à la crise de 1956 où Londres et Paris s’étaient inclinés face à la pression américaine.

François Bayrou parle d’une “soumission économique habillée en diplomatie”. L’Allemagne, l’Italie, l’Espagne — autant de nations dont les fleurons industriels (automobile, chimie, luxe) pourraient voir leur compétitivité réduite face à une concurrence américaine désormais favorisée.

Un modèle de négociation déséquilibré

Cet accord acte une vérité dérangeante : les États-Unis ne sont plus un allié stratégique classique, mais un acteur économique agressif, structurant ses alliances sur la base de la contrainte. L’Europe, malgré sa puissance collective, s’est comportée en vassal commercial, faute de leadership commun et de volonté de confrontation.

Le mythe d’une Europe-puissance, indépendante sur les plans énergétique, technologique et militaire, s’effondre un peu plus. Ce deal nous rappelle que sans souveraineté économique réelle, la diplomatie n’est qu’un exercice de relations publiques.

Le Parlement européen devra encore ratifier l’accord, tout comme les États membres. Mais soyons lucides : l’effet de fait accompli est enclenché, et les marges de renégociation sont quasi nulles.

La question centrale demeure : l’Europe doit-elle continuer à acheter sa “paix commerciale” à coups de concessions stratégiques ? Ou est-il temps de refonder sa posture géoéconomique, en assumant le risque du rapport de force ?

L’Histoire jugera. Mais cet accord pourrait bien être l’un de ces moments charnières où un continent choisit ou subit son destin.

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