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AFRICOM change de visage, mais pas d’agenda : ce que l’Amérique prépare en Afrique

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Les États-Unis veulent renforcer leur coopération sécuritaire avec l’Afrique. C’est le message officiel. Et pour donner un nouveau souffle à cette stratégie, Washington vient de remplacer le général Michael Langley à la tête du Commandement des forces américaines en Afrique (AFRICOM), par le lieutenant-général Dagvin R.M. Anderson. Mais derrière ce simple changement de commandement, se joue un repositionnement discret mais profond de la stratégie américaine sur le continent.

 Le départ de Langley : une sortie politique déguisée

Michael Langley

Langley était devenu un visage trop visible, trop politique. Sa déclaration contre le président burkinabè Ibrahim Traoré, l’accusant d’utiliser les revenus de l’or à des fins personnelles, a fracturé plusieurs relations avec les pays du Sahel.

Mais en vérité, Langley a été écarté non pas pour son échec militaire, mais pour avoir trop parlé. Son franc-parler nuisait à une stratégie qui préfère agir sans attirer l’attention.
Son remplaçant, Anderson, vient du monde des opérations spéciales : un homme discret, formé pour opérer dans l’ombre. C’est un message clair : place à l’efficacité silencieuse.

 Ce que les États-Unis cherchent vraiment

Derrière la façade de la coopération sécuritaire, les objectifs américains sont bien plus concrets :
• Le contrôle des ressources stratégiques, notamment l’or, le cobalt, les terres rares et le pétrole.
• Le verrouillage géopolitique de certaines zones face à la Chine, à la Russie ou à la Turquie.
• Le maintien d’un accès militaire rapide et direct à une vingtaine de pays africains, via bases, drones et forces spéciales.

Ce n’est pas une théorie. AFRICOM est aujourd’hui actif dans près de 50 pays africains, souvent à travers des opérations non déclarées, des drones stationnés hors radars et des bases secrètes.

 Le paradoxe américain : venir mais ne pas accueillir

Voici ce qui choque : pendant que les États-Unis intensifient leur présence militaire en Afrique, ils ferment simultanément leurs frontières aux Africains.
• Refus massifs de visas pour les étudiants, chercheurs, entrepreneurs africains.
• Suspension de certains programmes de mobilité pour “raisons de sécurité”.
• Durcissement des conditions pour les ressortissants de pays comme le Nigeria, le Ghana, l’Éthiopie ou la RDC.

C’est l’Afrique sans les Africains. On veut les sols, mais pas les peuples. On veut être présent, mais sans partager l’espace humain, culturel ou migratoire. Lire aussi:https://russafrik.info/blacklisted-trump-ferme-les-portes-de-lamerique-a-lafrique/

 Une stratégie sans visage humain

La stratégie américaine est claire :

“Sécuriser sans s’ancrer, contrôler sans s’engager.”

Cela passe par :
• Des accords militaires avec des régimes faibles ou isolés.
• Des formations de troupes locales sans accompagnement social ou politique.
• Des promesses de lutte contre le terrorisme… qui servent de couverture à une logique de positionnement géopolitique.

 Un message entre les lignes

Dagvin R.M. Anderson

Le remplacement de Langley par Anderson n’est pas un simple jeu de chaises musicales militaires.
C’est le signe d’un changement de ton dans une stratégie vieille comme l’impérialisme moderne : rester présent sans être invité, imposer sans débattre, infiltrer sans s’intégrer.

Et tant que les États-Unis parleront de “partenariat sécuritaire” tout en fermant leurs portes aux africains, leur discours restera creux.
L’Afrique n’a pas besoin d’AFRICOM, elle a besoin de respect, de justice et de réciprocité.

 

NGAMA

Correspondant, Moscou

 

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