Burkina Faso : L’ambassadeur de France sommé de quitter le pays au plus vite ; les raisons
Au Burkina Faso, les autorités de la transition ont demandé à la France de rappeler son ambassadeur accrédité dans le pays, Luc Hallade, selon plusieurs sources concordantes.
La valse des expulsions ne s’arrête pas au Burkina Faso. Après la coordinatrice de l’Onu et deux Français soupçonnés d’espionnage, c’est l’ambassadeur français qui n’est plus le bienvenu à Ouagadougou.
Selon plusieurs sources, le Burkina ne veut plus de Luc Hallade comme ambassadeur de France. L’information a été confirmée à Radio Omega par une source au sein de l’exécutif.
« Nous avons demandé son remplacement », a confié cette source gouvernementale de la radio.
Selon une source française de Jeune Afrique, la ministre burkinabé des Affaires étrangères Olivia Rouamba a adressé un courrier officiel au Quai d’Orsay fin décembre pour demander de “changer d’interlocuteur”.
Les autorités militaires ont estimé qu’il n’est plus un “interlocuteur fiable” et ne souhaitent plus travailler avec le diplomate français.
Le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouedraogo, a confirmé à Associated Press que l’ambassadeur Luc Hallade, en poste depuis fin 2019, avait été prié de partir, mais n’a fourni aucun autre détail. L’ambassade de France a refusé tout commentaire.
La diplomatie française impose que la fonction d’ambassadeur ne dure que trois à quatre ans, de sorte que Luc Hallade soit quoi qu’il arrive contraint de quitter le pays d’ici septembre 2023.
Une lettre serait à l’origine du rappel
Si les autorités ne détaillent pas les raisons qui ont motivé leur requête, plusieurs sources soutiennent qu’elles sont en partie liées à une lettre envoyée par Luc Hallade aux ressortissants français de Koudougou le 12 décembre 2022, rapporte Le Monde.
Dans ce courrier ayant fuité sur la Toile, l’ambassadeur invitait “avec insistance” ses compatriotes habitant cette ville, située à 100 kilomètres à l’ouest de Ouagadougou, à se “relocaliser” dans la capitale ou à Bobo Dioulasso, dans le sud-ouest du pays.
Koudougou, troisième ville la plus peuplée du pays, “est passé en zone rouge” [et donc formellement déconseillée aux Français par le Quai d’Orsay] précisait Luc Hallade, avant de souligner que “rester à Koudougou représentait un risque important”.
Expulsion d’une représentante de l’Onu et de deux Français
L’expulsion de Hallade intervient une semaine après que la coordinatrice résidente des Nations unies au Burkina Faso, Barbara Manzi, a été déclarée persona non grata le 23 décembre.
Elle a été sommée de quitter immédiatement le pays. La diplomatie burkinabé a reproché à Mme Manzi certaines décisions prises sans consulter sa direction et une ingérence dans la vie politique du pays.
Le 21 décembre, l’Agence d’information du Burkina (AIB) a annoncé que les autorités burkinabé avaient procédé, dans la nuit du 17 au 18 décembre, à l’expulsion de deux citoyens français accusés “d’activité d’espionnage”.
Le sentiment antifrançais s’est accru dans l’ancienne colonie depuis que le capitaine Ibrahim Traoré a pris le pouvoir en septembre.