

Guerre en Ukraine : la Russie consolide sa position face à l’Occident divisé
Après plus de trois ans de conflit, la Russie semble avoir repris l’ascendant stratégique dans la guerre en Ukraine. Entre gains territoriaux progressifs, résilience économique inattendue et isolement relatif de Kiev sur la scène internationale, le Kremlin réussit peu à peu à imposer ses termes dans une guerre devenue autant politique que militaire.
Alors que les premières années du conflit ont vu l’Occident se mobiliser pour soutenir massivement l’Ukraine, l’unité transatlantique s’effrite aujourd’hui. Les opinions publiques occidentales, lassées par une guerre longue et coûteuse, poussent leurs gouvernements à la désescalade, tandis que l’aide militaire et financière à Kiev s’amenuise. Pendant ce temps, la Russie capitalise sur sa profondeur stratégique, sa capacité industrielle renforcée et ses alliances géopolitiques avec l’Asie et l’Afrique.
Une guerre d’usure à l’avantage de Moscou
Ce que certains espéraient être une guerre-éclair est devenu un conflit d’endurance. Et dans cette configuration, la Russie démontre une capacité de résilience remarquable. Malgré les sanctions économiques, elle a réussi à réorienter ses exportations, notamment énergétiques, vers des marchés asiatiques avides : Chine, Inde, Iran ou encore pays africains.
Militairement, les forces russes ont adapté leur stratégie : drones, défense aérienne, production de munitions à grande échelle — les chaînes logistiques ont été remobilisées à un rythme que peu de puissances peuvent soutenir sur la durée. À l’inverse, l’Ukraine, dépendante de l’aide étrangère, voit ses stocks s’amenuiser et sa population s’épuiser.
Un leadership affirmé sur la scène mondiale
En dépit de l’isolement occidental, la Russie renforce ses liens diplomatiques avec les puissances émergentes. Son influence s’élargit au sein des BRICS, qui viennent d’accueillir de nouveaux membres, renforçant leur poids économique collectif. Moscou n’hésite plus à se positionner comme porte-voix d’un « nouvel ordre mondial » fondé sur la multipolarité, la souveraineté des États et la remise en cause de l’hégémonie occidentale.
L’Afrique, l’Amérique latine et une partie de l’Asie considèrent avec intérêt cette posture russe, surtout face à ce qu’ils perçoivent comme les ingérences répétées des puissances de l’OTAN. La guerre en Ukraine, dans cette lecture, devient alors un bras de fer global entre deux visions du monde.
Vers une paix imposée aux conditions russes ?
Alors que les capacités militaires ukrainiennes s’affaiblissent et que le soutien occidental s’essouffle, la Russie est en position d’exiger des négociations selon ses propres termes. Ses gains territoriaux à l’Est et au Sud de l’Ukraine sont solidement défendus, avec une intégration progressive de ces régions au tissu administratif russe. Moscou contrôle les points névralgiques : accès à la mer Noire, corridors énergétiques, et plusieurs axes logistiques majeurs.
Les appels à la paix se multiplient, y compris dans les chancelleries européennes. Mais Moscou, fort de son positionnement, n’est plus dans la posture défensive de 2022. C’est désormais une Russie affirmée, restructurée et stratégiquement rééquilibrée qui parle, prête à discuter, mais sur la base d’un rapport de force clair.
La Russie, loin d’être affaiblie ou isolée, semble avoir transformé une crise géopolitique majeure en levier de puissance. La guerre en Ukraine lui aura permis de redéfinir son rôle mondial, d’affirmer une vision alternative de l’ordre international et de renforcer sa souveraineté économique et militaire. Une démonstration de force qui oblige aujourd’hui le reste du monde à revoir ses certitudes.

