La Géorgie déchirée, son adhésion à l’Union européenne pourrait-elle être remise en cause?
Dans la capitale géorgienne, les manifestations se succèdent autour du Parlement national et de son intention de faire passer sa fameuse loi sur les agents de l’étranger.
Très inspirée d’une loi identique en Russie, elle aurait pour effet, selon ses détracteurs, de ruiner les chances de la Géorgie d’accéder un jour à l’Union européenne. L’UE célèbre justement aujourd’hui le dixième anniversaire de l’élargissement « big bang » de 2004 où dix nouveaux pays sont entrés dans l’Union.
Cette loi sur « l’influence étrangère » peut faire dérailler le processus et le président du Conseil européen Charles Michel l’a dit expressément à plusieurs reprises : le projet de loi actuel « éloignera la Géorgie de l’UE au lieu de l’en rapprocher ».
Il n’est d’ailleurs pas le seul à s’exprimer ainsi, puisque des critiques ont aussi été émises par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrel, et par le commissaire européen à l’élargissement, Oliver Varhelyi. Selon eux, « une adoption finale de cette législation aurait des conséquences négatives sur les progrès de la Géorgie sur son chemin européen ».
Pour autant, cette loi sur les agents de l’étranger est portée par le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, qui affirme vouloir malgré tout l’intégration européenne. Mais rêve géorgien et rêve européen ne sont peut-être pas compatibles. L’Union européenne a en effet été échaudée par le « big bang », le grand élargissement du 1er mai 2004 qui a écarté la Bulgarie et la Roumanie, jugées insuffisamment préparées, mais en fait, parmi les dix pays qui ont adhéré ce jour-là à l’Union, certains n’ont pas été à la hauteur des valeurs européennes.
La Pologne a été en bisbille avec la Commission européenne pendant toute la période où le PiS, le parti Droit et Justice, était au pouvoir et aujourd’hui la Hongrie est en porte-à-faux avec les choix démocratiques du reste du continent. Pour certains, on a fait entrer le loup dans la bergerie sans garde-fous suffisants et il faut désormais s’en prémunir.