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LA RUSSIE ET L’AFRIQUE : UNE VISION D’ABORD GÉOPOLITIQUE

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LA RUSSIE ET L’AFRIQUE : UNE VISION D’ABORD GÉOPOLITIQUE

 Un dessin animé russe en langue française projeté dans les cinémas centrafricains met en scène un lion sous-entendu l’Afrique -, attaqué   par des hyènes – sous-entendu les pays occidentaux. Intervient alors l’ours russe qui aide le maître de la brousse à rétablir l’ordre des choses,  c’est-à-dire le respect que l’on doit au lion. L’allégorie a bien été comprise par les spectateurs enthousiastes.

Voilà comment, à travers le soutien sans états d’âme donné aux pouvoirs forts, les seuls respectables et respectés en Afrique, la Russie évince peu à peu les Occidentaux. D’autant plus facilement que les Africains en ont assez du diktat démocratico-moralisateur qui prétend leur faire changer de nature. Assez des folies de la « théorie du genre » et des délires pathologiques LGBT devenus les « valeurs » sociétales d’un Occident ayant perdu toute référence à l’Ordre naturel. Voilà pourquoi, comme l’a déclaré le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président Museveni   d’Ouganda « la majorité de l’humanité soutient l’action de la Russie en Ukraine. Poutine a absolument raison ». D’autant plus que la politique russe n’a pas pour alibi le mirage du développement. Russes et Africains  savent en effet très bien qu’il est impossible de « développer » selon les critères définis par l’Occident, un continent qui, d’ici à 2030, verra sa population passer de 1,2 milliard à 1,7 milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an. Et que, pour gouverner ces masses humaines, les principes démocratiques occidentaux sont à la fois inopérants et chrysogènes.

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En réalité, si Vladimir Poutine réussit en Afrique, c’est parce qu’il a très exactement pris le contre-pied du diktat démocratique que François Mitterrand imposa en 1990 au continent lors de la conférence de la Baule. Un diktat qui a provoqué un chaos sans fin parce que, comme les élections sont en Afrique autant de sondages ethniques grandeur nature, elles y débouchent donc automatiquement sur l’ethno- mathématique électorale. D’où la    crise permanente. Les peuples les moins nombreux étant en effet écartés du pouvoir, soit ils ne se reconnaissent pas dans les Etats, soit ils se soulèvent contre eux. Tout au contraire, loin des nuées idéologiques, la politique africaine de la Russie est axée sur le réel, sur les forces armées qui constituent les cercles du vrai pouvoir. Et pendant que l’OTAN avance ses pions contre la Russie en obtenant de nouvelles adhésions ou demandes d’adhésion en Europe du Nord, Moscou déplace les siens en Afrique, contre l’Occident, en signant des accords militaires avec la plupart des pays du continent.

Quant à la France, elle s’est évincée toute seule du continent en raison de la nullité de ses dirigeants et de constantes et colossales erreurs politiques que je n’ai cessé de mettre en évidence dans les numéros successifs de l’Afrique Réelle. D’autant plus que, s’étant totalement soumise à l’Otan, donc aux Etats-Unis, elle s’est montrée hostile aux intérêts russes, notamment en Libye, en Syrie, en Belarus et aujourd’hui en Ukraine. En Afrique, Moscou lui rend donc en quelque sorte « la monnaie de sa pièce »…

Bernard Lugan

LA RUSSIE ET L’AFRIQUE : UNE VISION D’ABORD GÉOPOLITIQUE

Au début des années 2000, la Russie a fait un grand retour en Afrique. Pour des raisons géopolitiques, et en réactivant les anciens réseaux hérités de l’ex-URSS. Mais également en profitant de l’accumulation des erreurs faites par la France et plus généralement par les Occidentaux.

Ce ne sont pas les Russes qui ont chassé la France du Mali, cette dernière s’est en effet mise toute seule hors du pays. Comme cela avait déjà été le    cas en Centrafrique. Par l’accumulation de ses erreurs la France a ouvert la voie au groupe Wagner. La nature ayant « horreur du vide », au Mali comme en Centrafrique, les Russes ont simplement      pris la place de la France après que cette dernière se fut avec application tiré une balle dans chaque pied…

Au Mali, l’erreur politique commise par les décideurs français est d’avoir dès l’origine posé un mauvais diagnostic qui était la lutte contre le terrorisme islamiste. Or et comme je n’ai cessé de l’écrire depuis 2011, le problème dans ce pays n’était alors pas une question de terrorisme religieux, mais d’abord un problème d’opposition   traditionnelle entre diverses populations. Présent au Mali, le groupe Wagner n’a pas vocation à remplacer l’armée française, ni à faire gagner la guerre au gouvernement malien. Il n’en a ni les moyens humains ni les moyens matériels. Il n’en a pas non plus les moyens politiques et encore moins la connaissance nécessaire du pays. Le groupe Wagner est en réalité une sorte de garde rapprochée des autorités maliennes actuelles, avec en plus quelques éléments encadrant des forces maliennes en grande difficulté face aux diverses rébellions.

Ceci étant, les Russes peuvent-ils en ce moment amplifier la présence du groupe Wagner alors qu’ils doivent faire face à des problèmes d’effectifs en Ukraine ? Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans la même situation qu’il y a un an, quand le groupe Wagner prenait position un peu partout et visait la Guinée. Contraints de rapatrier un maximum de    troupes, l’on voit mal comment les Russes pourraient, à l’heure actuelle, développer une politique de remplacement systématique des Français.

Il faut également bien voir que, dans la phase précédente, avant la guerre d’Ukraine, quand la Russie développait une politique active, pour ne pas dire agressive en Afrique, elle n’était pas à la recherche des matières premières du continent. Elle en regorge sur son territoire. La Russie a en fait joué une toute autre carte. Plutôt que de dépenser inutilement de l’argent dans l’impossible développement – ce que nous en faisons depuis 70 ans -, les Russes ont choisi de prendre le contrôle des armées. Car, en Afrique, qui tient l’armée, tient le pays. De plus, en contrôlant l’Etat, ils s’assuraient une clientèle et un réservoir de voix à l’ONU, ce qui permettait à Moscou de ne pas être isolée sur la scène internationale. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé quand il y a eu des votes sur l’Ukraine et que 17 pays Africains n’ont pas condamné la Russie.

Si nous faisons un retour en arrière, nous constatons qu’en réalité, le président russe Vladimir Poutine a repris très exactement la stratégie soviétique de l’époque de la dernière phase de la Guerre froide. Tant que Staline fut au pouvoir, l’URSS qui s’intéressait surtout à l’Europe, n’avait pas de véritable politique africaine. Ensuite, quand elle prit conscience du fait que l’Occident était en train de l’encercler à travers son réseau mondial d’alliances, une nouvelle doctrine fut élaborée que je résume par une formule rapide qui est « encerclons les encercleurs ».

Et pour cela, fut développée une puissante politique d’aide aux pays d’Afrique avec une entrée directe en guerre, tant en Ethiopie qu’en Angola. L’URSS fut ainsi capable d’intervenir militairement partout en Afrique comme en témoignent les ponts aériens qu’elle organisa en 1975 vers l’Angola, puis en 1977-78 vers le front d’Ethiopie. Plusieurs dizaines de milliers de « conseillers » soviétiques se répartissaient alors dans les pays africains qui avaient des accords avec Moscou. 25.000 étudiants africains fréquentaient alors les universités et les instituts soviétiques, dont la célèbre université Patrice Lumumba. Aujourd’hui, une partie de ces anciens étudiants est soit au pouvoir, soit gravité dans les allées du pouvoir. Et cela, partout, avec des exemples frappants en RCA, dans tout le Sahel et notamment au Mali ou encore dans la région soudanaise. Quant à l’Egypte qui avait rompu avec l’URSS en 1972, elle s’est spectaculairement rapprochée de la Russie en 2016 provoquant ainsi un bouleversement géopolitique. Signe très clair du retour de Moscou en Egypte, au mois d’octobre 2016, des parachutistes russes ont participé à des manœuvres militaires communes avec l’armée égyptienne dans le désert occidental séparant l’Egypte de la Cyrénaïque.

Vladimir Poutine a donc exactement repris la politique soviétique des années 1970-1980, à partir du moment où il s’est rendu compte que l’Europe atlantiste ne voulait pas d’un partenariat privilégié    avec la Russie. Pourtant, au début de son arrivée au pouvoir, Poutine qui est un Russe de la Baltique et non un Russe de Sibérie, regardait vers l’Europe. Et cela jusqu’au moment où il prit acte que cette dernière avait définitivement choisi les États-Unis. Lui aussi eut alors l’impression que la Russie se retrouvait encerclée. Un sentiment qui s’ancra chez    lui au fur et à mesure de l’extension de l’OTAN     vers l’Est. Il se retrouva alors dans la situation de l’Union soviétique des années 1970.

Et ce fut pour rompre le cercle qui, selon lui était tracé autour de la Russie, qu’il reprit la politique africaine de l’Union soviétique, en commençant par réactiver les anciens réseaux formés à l’université Patrice Lumumba. Or, comme les dirigeants politiques européens n’ont ni mémoire historique, ni culture géopolitique, ils n’ont pas compris cela. Le début de cette politique date de 2006 quand le président Poutine effectua un voyage officiel en Afrique du Sud et au Maroc, puis, en 2009 Dimitri Medvedev fit de même en Angola, en Namibie et au Nigeria et il annula 29 milliards de dollars de la dette africaine.

Ces voyages furent l’occasion de renforcer les anciennes amitiés, Moscou réactivant ainsi ses contacts du temps de l’ex-URSS. Ainsi en fut-il avec Michel Djotodia qui prit le pouvoir en Centrafrique en 2013 et qui est russophone. Aujourd’hui la Russie a établi ou rétabli des relations diplomatiques avec tous les pays d’Afrique et Moscou abrite 35 ambassades africaines.

Puis, du 22 au 24 octobre 2019, en réunissant dans la station balnéaire de Sotchi plus de 40 chefs d’Etats pour le premier sommet Russie-Afrique, Vladimir Poutine a confirmé le retour de la Russie sur le continent. Or, une fois de plus aveugles et prisonniers de leur prisme économique, les « experts » ont minimisé le rôle de la Russie en Afrique, mettant en avant son modeste rang économique. Ce faisant, ils n’ont pas vu que Vladimir Poutine ne venait pas en Afrique pour y capter ses minerais, mais pour des raisons géostratégiques. Et que sa politique n’avait pas pour alibi les nuées du développement dans la mesure où il est impossible de « développer » un continent qui, d’ici à 2030, verra sa population passer de 1,2 milliard à 1,7 milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an..

Les mêmes se sont étonnés de voir que la démarche de la Russie était vue avec sympathie sur un continent africain lassé des injonctions moralisantes et sociétales. D’ailleurs, et comme ne se privèrent pas de le répéter les responsables russes, n’ayant pas de passé colonial, leur pays ne s’est jamais cru autorisé à lui imposer des impératifs sociétaux, politiques ou économiques. Tout au contraire, hier, l’URSS a aidé les luttes de libération et aujourd’hui, la Russie engage les pays africains à se libérer des « survivances coloniales ».

Les approches russes sont parfaitement bien reçues car les Africains ont bien vu que la Russie ne vient pas donner des leçons de morale, ne vient pas non plus leur imposer des diktats politiques ou économiques. A la différence des donneurs de leçons occidentaux, elle ne cherche pas à imposer ses propres modèles.

Politiquement, et je l’ai montré dans un précédent numéro de l’Afrique Réelle, Vladimir Poutine a donc très exactement pris le contre-pied du diktat démocratique que François Mitterrand imposa à l’Afrique en 1990 lors de la conférence de la Baule. Un diktat qui a provoqué un chaos sans fin sur le continent, y installant durablement le désordre démocratique.

Tout au contraire, Vladimir Poutine considère que l’un des blocages de l’Afrique tient à son instabilité politique. Une instabilité qui est largement le résultat de la démocratisation car cette dernière débouche automatiquement sur l’ethno- mathématique électorale. Or, et cela heurte naturellement la religion des « droits de l’homme », en Afrique, la stabilité passe par un soutien aux régimes forts, donc aux armées. Ceci a fait dire au mois de janvier 2019 à Alexandre Bregadzé, ancien ambassadeur de Russie en Guinée que : « Les Constitutions ne sont ni des dogmes, ni la Bible, ni le Coran. Elles s’adaptent à la réalité ».

 En déclarant cela, il soutenait le projet de révision de la constitution qui permettrait à Alpha Condé, président de la Guinée, de briguer un troisième mandat présidentiel.

De son côté, le 24 janvier 2019, dans son discours de clôture prononcé à Sotchi, Vladimir Poutine a fait remarquer que : « Plusieurs pays sont confrontés aux conséquences des printemps arabes. Résultat : toute l’Afrique du Nord est déstabilisée ».

Voilà pourquoi la politique africaine de la Russie est résolument axée sur le domaine militaire. Depuis 2018, la Russie est ainsi devenue le premier fournisseur d’armes à l’Afrique. Des exportations qui se font par le biais de la société Rosoboron export à travers des accords signés avec la RDC, la RCA, le Burkina Faso, le Rwanda, la Guinée, le Cameroun etc. La Russie a également signé des accords de la plus haute importance avec le Mozambique puisqu’ils prévoient l’« entrée gratuite » des navires militaires russes dans les ports du pays. Moscou dispose donc désormais d’une base-relais dans l’Océan indien, ce qui va permettre à sa flotte d’exercer une présence directe sur les principales voies d’approvisionnement en pétrole de l’Europe.

DANS LE PROCHAIN DOSSIER : LES ACCORDS MILITAIRES RUSSIE -Afrique 

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