Le Nigeria délivre des licences officielles pour les plateformes d’échange de cryptomonnaies
Le Nigeria, pionnier africain de l’adoption des cryptomonnaies, vient de franchir un nouveau cap dans la régulation de ce secteur en pleine effervescence. En effet, la Securities and Exchange Commission (SEC) nigériane a accordé des licences provisoires à deux plateformes d’échange de premier plan, Quidax et Busha, marquant ainsi une reconnaissance officielle et une volonté d’encadrer ce marché jusqu’alors en marge de la législation.
Cette décision intervient après une période d’incertitude et de tensions entre les autorités et le secteur des crypto-actifs. Rappelons qu’en 2021, les banques nigérianes avaient reçu pour instruction d’interdire les transactions en cryptomonnaies, une mesure drastique qui n’avait pas empêché la population de se tourner vers ces actifs numériques, perçus comme une alternative au naira, monnaie nationale fragilisée par une inflation galopante.
Face à cette réalité économique et sociale, les autorités ont progressivement assoupli leur position. L’autorisation accordée aux banques d’ouvrir des comptes pour les fournisseurs de services en cryptomonnaies (VASP) en décembre 2023 constituait déjà un signal fort. Les licences provisoires accordées à Quidax et Busha vont plus loin en offrant à ces plateformes un cadre légal pour opérer.
Ce nouveau cadre réglementaire, baptisé Accelerated Regulatory Incubation Program (ARIP), a été conçu pour accompagner les entreprises du secteur dans leur développement tout en garantissant la protection des investisseurs et la transparence des opérations. En effet, la SEC souhaite s’assurer que les acteurs de ce marché respectent les normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Cette régulation intervient dans un contexte marqué par une croissance exponentielle des transactions en cryptomonnaies au Nigeria. Le pays s’est imposé comme un leader mondial en la matière, avec un volume de transactions P2P (peer-to-peer) record en 2023. Cependant, ce succès a également attiré l’attention d’acteurs malveillants, comme en témoignent les récentes accusations portées contre la plateforme Binance.
En autorisant Quidax et Busha à opérer légalement, le Nigeria envoie un signal fort à la communauté internationale et positionne le pays comme un acteur de premier plan dans la régulation des cryptomonnaies en Afrique. Cette décision devrait non seulement renforcer la confiance des investisseurs mais également contribuer à la stabilisation du marché des changes en limitant les flux financiers illégaux.