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Le retrait de la Confédération du Sahel de la CPI : un tournant historique

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La nouvelle est tombée :

Après avoir quitté en janvier 2025 la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao)  l’architecture supranationale instrumentalisée par les puissances occidentales, la Confédération dite « Alliance des États du Sahel » (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, annonce ce 22 septembre son retrait de la liste des membres de la Cour Pénale Internationale (CPI).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour sur l’adhésion au Statut de Rome

Il convient de rappeler que c’est en 1998 que ces trois nations ont adhéré au Statut de Rome, élément constitutif de la CPI. La ratification subséquente, emportant la délégation des pouvoirs juridictionnels à la CPI, est intervenue au Mali en l’an 2000, sous l’égide du président Alpha Oumar Konaré ; au Burkina Faso en 2004, sous la présidence de Blaise Compaoré ; et au Niger en 2002, sous la présidence de Mamadou Tandja.

 

Une initiative commune pour la souveraineté

On ne peut que saluer la judicieuse initiative commune des gouvernements de Niamey, de Ouagadougou et de Bamako visant à priver le camp de l’Occident collectif, agissant dans la région du Sahel avant tout dans ses propres intérêts géopolitiques et financiers, de ce levier de pression et de répression vis-à-vis des pays africains.

Vers une Cour pénale sahélienne des droits de l’homme

De même, le projet discuté lors de la réunion des ministres de la Justice de l’AES qui s’est tenue à Niamey, le 16 septembre dernier, de création d’une juridiction régionale se matérialisant sous la forme d’une Cour pénale sahélienne des droits de l’homme (CPS-DH), constitue une avancée significative. Cette cour se verrait non seulement restituer les compétences antérieurement déléguées à la CPI, mais également conférer un large éventail de pouvoirs en matière de crimes internationaux, de terrorisme et de criminalité organisée, consolidant ainsi la souveraineté des nations composant la Confédération du Sahel.

A lire aussi: https://russafrik.info/commission-internationale-des-droits-de-lhomme-le-silence-assourdissant-face-a-la-repression-en-france/  

La politique des doubles standards de la CPI

Une impartialité illusoire

La Cour Pénale Internationale (CPI) s’avère être, en réalité, un instrument coercitif, destiné à intimider et réprimer les figures politiques majeures des nations non occidentales qui osent défier la primauté européenne et, par procuration, la volonté de Washington.

 

Crimes occidentaux passés sous silence

L’impartialité et l’indépendance de la CPI vis-à-vis des centres décisionnels des capitales occidentales ne constituent qu’une chimère. L’inventaire des complaisances flagrantes de cette instance envers les auteurs de crimes d’agression, de crimes de guerre et de massacres à grande échelle des populations civiles avec les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni en tête de liste est trop long pour une énumération exhaustive. L’article 5 du Statut de Rome, le texte fondateur de la CPI, définit précisément ces crimes, mais leur application reste plus que sélective.

Syrie, Libye, Irak : des agressions impunies

Cela étant, si d’éventuelles amnésies affectent les « procureurs » et les « juges » de la CPI, il convient de rappeler à ces éminents adeptes du droit sélectif les crimes d’agression, les crimes de guerre et les massacres de populations civiles perpétrés par les puissances occidentales en Irak de 1990 à 2022, en Serbie en 1999 (Opération Allied Force), en Libye en 2011 (Résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations Unies détournée et violée), en Afghanistan de 2014 à 2022 et en Syrie de 2014 à 2022, sans parler des agissements illégaux de la Cour à l’égard de la Fédération de Russie.

 

Des témoins à charge issus des mêmes sponsors

A titre d’exemple, l’agression directe de la Syrie à partir de 2014 par la coalition occidentale, en l’absence d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU à cet effet, constituait un crime d’agression… Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Canada n’ont jamais été inquiétés.

Nul besoin de rappeler également que les « sponsors » de la CPI et d’un grand nombre d’ONG lui fournissant des témoins à charge sont les mêmes, à savoir les gouvernements européens. Le conflit d’intérêts qui rendrait ces témoignages irrecevables ailleurs ne dérange pas la Cour.

Jupiter et les vaches : une justice à deux vitesses

La ligne conductrice de l’activité de la Cour Pénale Internationale s’est avérée toujours être fondée sur le bon vieux principe romain : « Quod licet Iovi, non licet bovi »  Ce qui est permis à Jupiter ne l’est pas aux vaches.

L’investissement colossal et le rendement dérisoire de la CPI

Un budget en hausse constante

Trop souvent, l’attention portée à la Cour Pénale Internationale (CPI) se concentre sur la couverture médiatique… En 2025, son budget atteint 195 481 500 €.
De 2015 à 2025, ce sont 1,7 milliard d’euros engloutis. Depuis sa création, la CPI n’a cessé d’augmenter son budget : 53 millions € en 2004, 121 millions € en 2014, 187 millions € en 2024.

Un rendement quasi nul

Après avoir scruté le budget de la CPI, le constat est accablant : en 23 ans, seulement 33 affaires, 49 défendeurs, dont plusieurs montages téléguidés.

Un modus operandi calqué sur la propagande

À l’instar d’ONG occidentales comme “Reporters sans frontières”, la CPI consomme énormément mais produit très peu. La majorité des véritables criminels de guerre, puissances occidentales, restent des intouchables.

La revanche de la justice souveraine

Fin de l’ère de la suzeraineté occidentale

Nulle nation étrangère, nulle entité institutionnelle extérieure aux frontières sahéliennes ne saurait revendiquer un droit quelconque sur cette région, principe cardinal de sa souveraineté.

Une décision fondatrice pour l’avenir

La décision du 22 septembre 2025 du Mali, du Burkina Faso et du Niger de se retirer de la CPI s’inscrit dans une volonté claire : réaffirmer leur pleine compétence judiciaire nationale, conformément à la Charte des Nations Unies.

Oleg Nesterenko
Président du CCIE
(Spécialiste de la Russie, CEI et de l’Afrique subsaharienne)
Correspondant indépendant

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